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Les dernières inondations l’ont mis en évidence : Mal conçues et mal réalisées nos routes sont très vulnérables aux intempéries

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Les intempéries mettent en évidence, chaque fois qu’elles surviennent, l’extrême vulnérabilité de nos infrastructures de base et, notamment, les réseaux routiers. Les mêmes causes produisant les mêmes effets c’est au niveau de certaines défaillances du procès de réalisation et d’entretien des infrastructures routières  qu’il faut chercher l’explication. Des défaillances multiformes qu’on pourrait succinctement résumer ainsi. 
La première et sans doute la plus importante d’entre elles, est l’obsession des maîtres d’ouvrages (ministres, walis, maires)  à réaliser le plus vite possible leurs projets dans le souci de satisfaire une demande sociale pressente ou celui de présenter aux plus hautes autorités supérieures des bilans de réalisations flatteurs. Peu importe la qualité des infrastructures réalisées, l’important étant de les livrer au plus vite !!! Au nom de cette prétendue urgence de la demande sociale les maîtres d’ouvrages concernés, considèrent que les études d’ingénierie ne doivent pas être une préoccupation centrale.
Certains (notamment les responsables communaux) se permettront même de s’en passer et il n’est pas rare que des routes soient réalisées sans le concours d’un ingénieur ou d’un technicien en travaux publics !!Le mal à l’origine d’inévitables dégâts dés lors que les pluies abondent est, précisément, à ce niveau. Une étude bâclée résulte d’un certain nombre de défaillances parmi lesquelles on peut citer : un choix de terrain qui ne convient pas au projet concerné, une analyse de sol qu’on a omis de faire, un relevé topographique inexistant, un profil en long et en travers trop plat, des armatures mal calculées, des tuyaux d’évacuation d’eaux de pluies sous dimensionnés, des couches de base et revêtements bitumeux peu épais etc. Autant de vulnérabilités aux chocs naturels que le projet traînera durant toute son existence.
Un entretien régulier aurait évidemment pu donner un surcroît de longévité aux infrastructures routières existantes mais les opérateurs chargés de l’assurer (services des Ponts et Chaussées, entreprises locales) n’ont malheureusement pas les compétences et les moyens matériels requis. Ils ne sont, de surcroît,  présents que dans les grandes agglomérations urbaines. La dissolution de plus d’un millier d’entreprises publiques locales opérée dans les années 90, ayant réduit ces entreprises de proximité à, seulement quelques dizaines, généralement localisées dans les plus grandes villes du pays.
La disparition de ces entreprises publiques de travaux routiers qui avaient accumulé beaucoup d’expérience dans les domaines de la réalisation et de l’entretien a laissé le champ libre à toute une faune d’entrepreneurs autoproclamés n’ayant bien souvent ni les moyens de réalisation requis ni même le minimum de la compétence professionnelle que requiert cette activité d’une grande complexité technique.
On évoquera aussi, le relâchement constaté au niveau des diverses missions de contrôle de la construction dont sont pourtant expressément chargés toute une panoplie d’intervenants, à commencer par les directions techniques des ministères, des wilayas et des communes, le contrôle technique de la construction (CTC) pourtant devenu obligatoire et les maîtres d’œuvres (bureaux d’études). Le contrôle est sensé être exercé à tous les niveaux du processus de construction et les intervenants savent précisément en quoi consiste leurs missions. Sur le terrain les choses se passent malheureusement autrement, notamment depuis ces quinze dernières années caractérisées par un développement fulgurant du phénomène de la corruption et un relâchement sans précédent de l’autorité de l’Etat.
Toute une faune d’entreprises de réalisation parvient à échapper à ces impératifs de contrôle en corrompant directement les agents chargés du contrôle ou en faisant valoir leurs proximités avec les autorités concernées.
La porte est alors ouverte à toutes les dérives et toutes les malversations sur lesquelles on fermera les yeux, par crainte de représailles ou par intérêt. Ces entrepreneurs indélicats se permettront ainsi d’imposer des matériaux de construction de très mauvaise qualité, des canalisations dont les dimensions et les normes de fabrication sont contraires aux cahiers des charges, des modifications structurelles et autres changements hors normes.
On ne peut enfin omettre d’aligner parmi les principales cause de l’extrême  vulnérabilité de nos routes, la régression du savoir faire qui affecte le secteur des travaux publics depuis la mise à la retraite des grands  ingénieurs des ponts et chaussées formés dans les plus prestigieuses universités occidentales, qui encadraient le ministère concerné et ses directions territoriales. Leur remplacement par des « ingénieurs maison » a ouvert la porte au relâchement du contrôle technique et à une certaine complaisance à l’égard des réalisations qui s’éloignent des règles de l’art et de l’esthétique.
Il n’est en effet pas rare que des conducteurs de travaux et des techniciens représentant les instances de contrôle ferment les yeux sur de graves anomalies de construction qui agressent pourtant le regard. La crainte de se faire sanctionner pour faute constatée étant très hypothétique, les entrepreneurs peuvent alors s’adonner librement au « bâclage » qui tend malheureusement à devenir devenu l’apanage du plus grand nombre. Avec cette complaisance désormais acquise disparait progressivement le goût du travail bien fait et celui de la perfection.
La mise à la retraite des techniciens en bâtiment et travaux publics, ayant bénéficié d’une solide formation et d’une grande expérience a par ailleurs lourdement pénalisé la qualité des maîtrises d’œuvres et d’ouvrages qui permettaient d’assurer le minimum requis, en matière de réalisation dans les règles de l’art.
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