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L’expert financier Lies Kerrar : « Les augmentations de taxes ont servi de catalyseur pour des tensions inflationnistes qui existaient déjà »

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L’actualité économique et financière a été surtout marquée en ce début d’année par l’entrée en vigueur de la loi de finances 2017 qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois et qui continue à susciter des appréhensions et des incompréhensions.

Le commun des citoyens ne retient en fin de compte que  les hausses des taxes qui ont des répercussions indéniables sur les prix, des répercussions que  les algériens craignent car elles érodent leur pouvoir d’achat dans un contexte  de tarissement de ressources financières que le gouvernement ne cache pas.

Sur le plan économique, ces effets peuvent également porter un coup dur à la consommation et les entreprises productrices craignent également que cela ne leur soit néfaste.

Plusieurs pistes  ont été abordées pour atténuer ces effets comme le recours à la finance « islamique » et l’export pour ne citer que ces deux segments.

S’agissant de la finance dite islamique et si on se réfère aux dernières déclarations officielles du ministre Baba Ammi, qui avait affirmé qu’  « il  n’existait pas de banques islamiques et de banques non islamiques » mais seulement  des produits bancaires sans intérêts, le flou sur le marché financier en Algérie qui doit être un moteur pour l’économie nationale demeure très pesant.

A cet effet, nous avons sollicité, Lies Kerrar, expert financier, pour nous éclairer. Sur la notion de « banque islamique », il nous a rétorqué  « qu’il faut respecter la sacralité de notre religion et ne pas utiliser le terme « islamique » pour qualifier des produits financiers. Il ne faut pas oublier que le « Copyright » de ce terme appartient à son propriétaire ».

En arguant que « naturellement on a besoin de travailler à développer nos marchés financiers. Si on veut développer des produits financiers sans intérêt, on a besoin de développer les fondamentaux: l’information financière, la gouvernance, et naturellement faire fonctionner adéquatement notre Bourse ».

S’agissant de l’impact des augmentations  des taxes contenues dans la loi de finances, sur le pouvoir d’achat des citoyens, que les officiels estiment minime alors que sur le terrain, les prix des produits de large consommation ont flambé,

l’expert financier livre  son analyse, il nous dira que « les augmentations des prix viennent d’autres facteurs: la dépréciation du dinar, des anticipations d’inflation. Les augmentations de taxes de la LF2017 ont juste servi de catalyseur pour des tensions inflationnistes qui existaient déjà auparavant ».

Sur un autre plan, la contribution des opérations de mobilisation de l’épargne telles que l’emprunt obligataire et la mise en conformité fiscale n’ont pas eu l’effet escompté pour relancer les projets structurants suspendus pour manque de financement. Pour M.Kerrar, « il s’agit d’une erreur d’itinéraire d’objectif, ces opérations  n’ont jamais comme objectif de relancer l’économie ».

Il ajoute que « l’emprunt obligataire était nécessaire pour financer le déficit budgétaire de 2016. Il est probable que l’Etat ait encore à emprunter en 2017 et les années suivantes pour financer ses déficits ».

S’agissant de l’épineux problème du marché noir de la devise, le retard dans l’ouverture des bureaux de changes et de la convertibilité du dinar, ces derniers continuent de miner la scène financière, au moment où le commerce extérieur exprime un grand besoin de fluidité financière, notre interlocuteur estime que « les taux de référence auxquels se feraient les transactions doivent être revus. Soit on déprécie le dinar jusqu’à ce que le taux officiel et le taux au noir se rejoignent, soit on laisse les bureaux de change transiger au taux propre du marché indépendamment du taux officiel ».

En matière d’exportation, le défi évoqué par le premier ministre, est d’arriver à pénétrer les marchés internationaux en 2019, impose l’émergence d‘une dynamique à même de hisser l’économie nationale vers la compétitivité, et la promotion de la qualité, et surtout l’amélioration des taux d’intégration des produits issus des différents partenariats, pour notre expert  « on peut relever ce défi , avec des réformes profondes et déterminées, mais  au rythme actuel, ce n’est pas possible ».

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