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L’expert en automobile Mohamed  Yaddadene: « Il faut limiter l’assemblage de SKD et du CKD et passer à un vrai processus de fabrication »

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Dans cet entretien, l’expert du domaine de l’automobile Mohamed Yaddadene, dresse un bilan plutôt inquiétant pour les concessionnaires durant l’année 2016. L’année prochaine sera encore plus difficile, selon notre interlocuteur qui prévoit que la reprise finira par s’amorcer dans au moins deux années soit d’ici la fin de l’année 2018.

Algérie-Eco : L’année 2016 a été charnière pour les concessionnaires automobiles. Quel bilan faites-vous pour ces derniers?

Mohamed Yaddadene : C’est une année charnière comme vous dites avec des bouleversements dans le métier des concessionnaires automobiles à travers la nouvelle réglementation.

Il ya eu beaucoup de changements dans le paysage du marché automobile chaque concessionnaire se devait de se mettre à jour et en conformité avec la nouvelle réglementation à travers les investissements directs ou indirects  et l’avènement du système des quotas…

On a vu des marques opérer des changements de partenaire dans la panique sans scrupules par rapport aux anciens représentants, d’où une nouvelle redistribution des cartes de représentation en Algérie. La mise en place du système des quotas a accentué les difficultés pour beaucoup de concessionnaires qui avaient de grandes parts de marché ; les volumes affectés à 83000 unités sont  des besoins  et des performances habituelles du marché,  les recours des uns et des autres ont permis d’arriver à un peu plus de 90 000 unités , ce qui reste toujours maigre pour le marché mais ô combien important pour la réduction de la facture des importations pour cette année 2016.

Le marché s’est déstructuré avec des conséquences sur la situation des concessionnaires s’est soldé par des plans sociaux de libération du personnel pour certains. Pendant ce temps  la demande et les besoins du marché sont  là mais il n’ya point de produits disponibles ni de choix pour les clients, ce qui a contribué à relancer le marché de l’occasion. Devant l’arrivée à échéance des délais de lancement des investissements devenus obligatoires, des projets de montage sont annoncés mais dans quelles conditions ?

2016 a connu par contre et selon certains experts « une embellie » pour le secteur de l’industrie automobile avec l’annonce de différents projets. Comment vous voyez la concrétisation de ces projets?

La nouvelle réglementation est une aubaine pour la relance de l’industrie mécanique en Algérie.  Tout en étant une contrainte pour certains concessionnaires car un projet d’investissement ne s’improvise pas, ce sont des actions stratégiques qui obéissent à une planification dans le temps. Les engagements sont importants et l’implication de la marque représentée est capitale pour la réussite du projet. En effet, on doit revoir les plans pour arriver à respecter le cahier des charges qui précise que c’est des projets de production donc il faut penser à limiter les étapes d’assemblage de SKD d’abord , du CKD ensuite et passer à un vrai processus de fabrication avec un niveau d’intégration locale devant aller au delà de 40% dans les quatre années qui viennent. Le souhait c’est de voir aboutir de complexes comme celui de Renault à Tanger.

Avec les facilités accordées par les pouvoirs publics, les projets vont aboutir mais il faudra veiller sur le respect du cahier des charges réglementant l’activité de fabrication. L’aboutissement de ces projets finira par drainer des investisseurs pour accompagner le niveau d’intégration et probablement des marques connues vont faire venir leurs prestataires pour contribuer à la réalisation des produits localement.

Le professionnalisme va dominer, une fois l’euphorie terminée pour certains opérateurs car à un moment donné on doit revenir à la réalité. Il faut être assez objectifs surtout dans les choix des sites devant servir à de tels projets pour ne pas refaire les erreurs du passé à titre d’exemple on ne peut pas installer une usine de fabrication  automobile ou de moteurs dans  une zone agropastorale à plus de 700 km de la capitale.

Pour être direct avec vous un programme industriel a besoin d’une stratégie pour assurer sa reussite et ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Des projets comme celui du groupe Renault ou VW  et PSA (une fois confirmé) vont apporter beaucoup à notre industrie mécanique pour satisfaire le marché locale mais lorgner du coté des exportations pour cela la mise en place de grandes plates formes logistiques s’impose pour accompagner le développement de l’industrie, sans pour autant oublier le volet managérial , c’est-à-dire investir sur la formation des compétences capables d’intégrer ces projets qui eux même vont contribuer à relancer la formation dans le métier de l’’industrie mécanique. La ressource, humaine est la clé de la reussite de tout le programme.

Comment vous prévoyez l’année 2017 pour les concessionnaires et pour l’industrie automobile?

C’est une année vraiment difficile dans le prolongement de celle vécue en 2016. Les concessionnaires vont continuer à subir des turbulences durant toute l’année  selon  les quotas qui seront décidés par les structures concernées. Certains concessionnaires vont subir encore les conséquences et un redéploiement est encore possible. Les agents distributeurs de certains concessionnaires ayant investis dans des infrastructures normalisées avec certaines marques vont devoir serrer la ceinture, réduire les charges pour se maintenir en attendant la relance (les structures et les effectifs sont surdimensionnés par rapport aux volumes actuels).

Pendant ce temps les clients vont continuer à attendre pour acquérir ou renouveler leurs équipements, le parc auto (camions, véhicules)… j’espère que la vision  du marché va changer, et que la stratégie industrielle soit de mise pour favoriser la réalisation de tous les projets qui vont animer d’abord le tissu industriel par l’arrivée de nouveaux investisseurs et qui finiront par redonner du tonus au marché de l’automobile en Algérie et contribuer à l’exportation mais ce dernier volet doit être intégré lors de la négociation du projet pour pousser les marques à faciliter cet accès.

Concrètement, je pense que la reprise finira par s’amorcer dans au moins deux années soit d’ici la fin de l’année 2018, une fois que  tous les projets seront opérationnels et à pleine capacité… comme il faudra capitaliser sur ces acquis pour maintenir la dynamique qui aboutira durant le premier semestre 2019. Dans tout cela l’industrie mécanique va impacter positivement l’économie du pays et il suffira de capitaliser pour se hisser à un plus haut niveau, voir loin et grand dans la vision stratégique.

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