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Eléments d’Analyses budgétaires

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Comme à l’accoutumée, les propositions de la loi de finance puis son débat à l’APN vont induire des débats houleux au sein des institutions officielles et dans des cercles restreints. Certes, c’est un signe de vitalité économique. Peu de pays peuvent se targuer de donner à leurs citoyens autant d’occasions de parler librement du prochain budget. Mais en même temps, nous sommes le pays ou les citoyens allouent le plus de ressources en temps ; commentant les projets de lois de finance. On peut observer cela en comparant les revues de presses nationales et internationales. Nous pensons à tort ou à raison que les solutions essentielles de nos problèmes économiques peuvent provenir des contenus des lois de finance. Ce n’est qu’en parti réaliste. Car la loi de finance n’est qu’un prolongement d’une réflexion stratégique ou de politiques économiques plus ou moins bien construites. Il faudrait donc aller aux racines des maux pour pouvoir les guérir ; et en ce sens, les dispositions des lois de finance sont généralement des symptômes.

   Ceci ne signifie pas qu’on ne peut pas déceler des orientations de politiques économiques en analysant profondément les dispositions des lois de finance. Il y a des éléments sérieux à discuter. Généralement, les analyses qu’on a eu à lire sont souvent biaisées. Très peu d’articles soulignent ce qui est positif, négatif et montrent la voix des améliorations qu’on peut apporter. On lit des articles ou tout est sombre et rien de ce qui a été conçu n’est bon. Au contraire, d’autres analyses stipulent que tout est maitrisé et qu’il suffise de mettre en pratique ce qui s’est décidé pour que la situation s’améliore. Le lecteur est familier avec ce genre de présentations. Le débat est saint mais serait encore plus utile s’il comportait des évaluations objectives de la situation et dégager des pistes d’alternatives prometteuses. Ainsi, le débat budgétaire serait alors plus utile qu’il ne l’est à présent : un réquisitoire détaillé ou un encensement sans discernement. Le problème est que la majorité des analyses tombent dans ces deux catégories. Heureusement que nous avons quelques exceptions qui font évoluer le débat.

Les Consensus sont Utiles

Il y a des points de consensus qui se dégagent mais qui se mettent difficilement en pratique. On sait qu’il n’y a pas de plus compliqué que le management du changement. Surtout au sein des organisations peu préparées. L’administration algérienne présente un cas typique de difficulté du changement. Beaucoup de pays connaissent des problèmes similaires à des degrés divers. La France n’arrive pas à réformer son marché du travail pour arriver au à un meilleur équilibre entre flexibilité et protection sociale. L’Allemagne a réussit à le faire. Le Maroc essaye de trouver un moyen de subventionner directement les produits de base au lieu d’assister tout le monde au niveau des prix mais les choses trainent. L’Arabie Saoudite, contre toute attente est allée rapidement vers cette direction. Notre gouvernement est d’accord pour aller dans cette direction. L’ensemble des experts et de la société civile poussent également le gouvernement vers cette direction. Il faut remarquer que cette proposition de passer d’une subvention indirecte à une forme directe est porteuse d’économies substantielles et réallocation de ressources budgétaires qui pourraient s’avérer salutaire pour le futur économique du pays.

    Au-delà des hausses quelques peu inévitables et qui sont sujets à controverses. Par exemple, est-il bon en période de ralentissement d’opérer une hausse de la TVA ? Ceci serait une question technique et n’exige pas une réponse intuitive. Il s’agit de bien évaluer les paramètres économiques et le mode de fonctionnement de notre économie. C’est là ou on aurait besoin d’un simulateur économique pour voir l’élasticité de la consommation et de l’investissement aux variations de TVA, par exemple. Dans notre contexte, personne ne sait (en dehors des économistes qui font des simulations avec des moyens très limités) que sera l’activité économique après les changements opérés. Ce qui explique que les augmentations ont été très légères. L’opération est également pédagogique, en rappelant aux citoyens que nous sommes dans une période difficile et que nous devons tous faire des efforts, chacun en fonction de ses moyens, afin de sortir de cette période difficile. Il faut aussi rappeler que ce budget s’inscrit dans une trajectoire budgétaire allant jusqu’à 2019, ce qui est une nouveauté saluée par de nombreux analystes. Cependant, certains clament, à juste titre, que le processus ne n’inscrit pas sur le long terme. La stratégie Algérie 2035 tarde à se matérialiser. Le processus budgétaire aurait été plus utile de s’inscrire dans une telle démarche.

Se Rapprocher de La Normalité

 On peut faire de nombreuses lectures des mesures budgétaires préconisées. Chaque mesure d’augmentation (plue value sur l’immobilier, taxe intérieure sur la consommation etc.). a été analysée par de nombreux spécialistes. Il en ressort que la philosophie de ce budget serait de taxer les activités non essentielles ou haut de gamme pour réduire le déficit budgétaire et encourager les activités productives. Vu notre tradition sociale, la plupart des citoyens seraient enclin de se prononcer positivement sur la problématique de fond. Mais lorsqu’on prend chaque mesure séparément, les avis divergent et c’est tout à fait normal. La réduction du déficit budgétaire interviendrait surtout par la taxation d’activités et de produits considérées comme non essentiels. Un autre élément qui a échappé à beaucoup d’analystes est que le budget national commence à ressembler de plus en plus aux budgets internationaux ; dans le sens ou les dépenses d’équipements (2291 Milliards de DA) représentent la moitié des dépenses de fonctionnement (4591 milliards de DA). Notons que dans le passé les dépenses d’équipements avaient même dépassé celles du fonctionnement : ce qui était une anomalie budgétaire : les capacités d’absorption économiques seraient alors largement dépassées.

 Nous ne pouvons tout dire sur l’ensemble des dispositions budgétaires. On aurait aimé trouver deux éléments importants dans ce budget. Le premier concerne le nouveau système d’information et de statistiques qui permettrait de résoudre à terme la problématique des transferts sociaux. Ces derniers demeurent lourds à supporter. Les ressources dégagées peuvent fouetter l’activité économique productive. Il doit y avoir nécessairement des commissions qui travaillent sur la question. Mais il faut agir plus vite pour rétablir une grande efficacité économique. Le second concerne l’efficacité économique globale ; ce que les économistes appellent la productivité marginale des facteurs. Elle demeure faible. Nous avons besoin de moderniser plus rapidement et plus profondément le mode de fonctionnement de nos entreprises et de nos administrations. Ceci est une condition sine qua none de sortie de crise. Le budget doit initier ces conditions. On aurait aimé voir 3% de la masse salariale des administratifs et des entreprises alloués aux recyclages en plus de financer le montage de sociétés d’expertises en ingénierie administrative et en redressement et développement d’entreprises. Au aurait fait alors le pari de changer radicalement l’efficacité globale du système socio économique.

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