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Banque mondiale: sans rival, Jim Yong Kim se dirige vers un deuxième mandat

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La voie est libre pour l’américain Jim Yong Kim: seul candidat à sa succession, le président de la Banque mondiale sera prochainement reconduit après un premier mandat salué par plusieurs Etats-membres mais terni par des controverses internes.

Perpétuant une tradition immuable, les Etats-Unis vont ainsi garder la tête de la BM tandis que les Européens ont déjà conservé en juillet la direction du Fonds monétaire international (FMI) avec la française Christine Lagarde, là aussi reconduite sans affronter le moindre rival.

Face à M. Kim, aucun pays émergent n’aura donc pris le risque de contester cet ordre établi, contrairement à ce qui s’était passé en 2012 quand la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala avait brigué la tête de ce mastodonte du développement économique, qui réunit 189 Etats et emploie plus de 15.000 personnes.

Le bilan de cet Américain d’origine sud-coréenne depuis sa prise de fonctions en juillet 2012 n’est pourtant pas immaculé.

Ancien médecin et président d’université, M. Kim a certes été applaudi pour sa mobilisation contre le virus Ebola et sur le réchauffement climatique ou pour avoir assigné à la Banque mondiale un objectif d’éradication de l’extrême pauvreté d’ici 2030 tout en augmentant sa capacité de prêts.

Mais il a également dû affronter une grogne interne inédite alimentée par une réorganisation vivement contestée et une controverse sur le versement de bonus à de hauts dirigeants en 2014.

Début août, l’association des personnels de la BM a encore dénoncé une « crise de leadership » et plusieurs anciens cadres ont déploré dans une lettre ouverte l’absence d’une « stratégie claire ». Des journaux de renom comme The Economist ou le Financial Times ont par ailleurs publiquement pris position contre la reconduction de M. Kim.

Malgré ces faiblesses, pays pauvres et émergents ont préféré soutenir un deuxième mandat de M. Kim, qui devra passer une série de grands oraux –dont le premier vendredi– avant d’être formellement intronisé début octobre. Son nouveau mandat de cinq ans débutera en juillet.

Chef de file informel des marchés émergents, la Chine a ainsi loué le « leadership » de M. Kim et ses « impressionnants succès » même si Pékin a, au cours des dernières années, bâti sa propre banque de développement pour contrecarrer l’hégémonie occidentale au FMI et à la BM.

« C’est la force des présidents sortants. M. Kim a eu plus de quatre ans pour nouer des relations fortes avec des acteurs clés des marchés émergents », affirme Scott Morris, expert au Center for Global Development. « Et ce sont les Etats-membres qui choisissent le président, pas les personnels ».

D’autres observateurs, plus critiques, évoquent eux un processus de sélection « biaisé », lancé « au coeur de l’été » dans la précipitation, et verrouillé par les Etats-Unis, premiers actionnaires de la Banque mondiale.

Quelques minutes à peine après l’ouverture des candidatures le 25 août, le Trésor américain s’est ainsi empressé d’apporter son soutien à un deuxième mandat du « Dr Kim », décourageant ainsi toute autre candidature.

« Cette démonstration de force a refroidi tous les potentiels candidats sérieux qui songeaient à briguer le poste », affirme à l’AFP Paul Cadario, ancien responsable de la Banque mondiale et professeur à l’Université de Toronto, qui parle d’un processus imposé « à marche forcée » par l’administration Obama.

En prenant ainsi les devants, les Etats-Unis ont aussi sans doute voulu tuer dans l’oeuf toute bataille sur le leadership de l’institution avant l’élection présidentielle américaine du 8 novembre.

A la Banque mondiale, on rétorque toutefois que le calendrier a été choisi par le conseil d’administration de la BM, qui représente les 189 Etats-membres, et qu’il n’a rien d’inhabituel dans l’histoire de l’institution.

« Les Etats-membres sont satisfaits de l’état général de la Banque et ne veulent pas de changement de leadership cette fois même s’il y a de vraies questions de management en interne et même si le moral des équipes est très bas », assure à l’AFP Ian Solomon, ancien représentant américain à la Banque et président du cabinet de conseil Solomon Global.

Résignés, ses opposants espèrent que les Etats-membres seront au moins conscients du malaise ambiant. « Il y a eu suffisamment de réserves autour de Dr Kim pour que le conseil d’administration lui dise clairement qu’ils attendent qu’il fasse certaines choses et qu’il en cesse d’autres », relève M. Cadario.

Source : AFP

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