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Aquaculture : Une filière « prometteuse » pour les wilayas du Sud

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Doucement mais sûrement, l’aquaculture est en train de se faire une place dans le paysage économique des wilayas du Sud du pays. Plus particulièrement, de celles du Sud-est, telles les wilayas d’Ouargla, El Oued, Biskra, Ghardaïa, Laghouat, Illizi et Tamanrasset.

Bien mieux, les participants à la « Journée d’information sur le programme d’appui européen à la diversification de l’économie algérienne dans le secteur de la pêche », plus connu sous l’appellation de « DIVECO 2 », qui s’est tenue jeudi dernier à Ouargla, ont estimé qu’elle était « une filière prometteuse» pour l’activité économique dans cette vaste région du territoire national.

Et ce, malgré les problèmes qui continuent d’entraver son développement. Des problèmes qui ont déjà été soulevés, en février dernier, par les aquaculteurs de la région. C’était lors d’une réunion d’évaluation qui s’était tenue à Hassi Ben Abdallah, un périmètre agricole situé à 20 km au nord de la ville d’Ouargla, connu pour être un site pionnier en matière d’aquaculture dans le Sud du pays, en présence de deux experts de l’Union Européenne chargés du suivi du programme DIVECO 2.

L’accompagnement technique des aquaculteurs et le développement d’un circuit adéquat d’écoulement de leur production ont été les principaux problèmes soulevés qui demeurent toujours d’actualité mais qui n’ont pas empêché pour autant l’extension de l’aquaculture dans leurs wilayas.

Une extension parfaitement illustrée par la réalisation, dans le cadre de la coopération algéro-sud-coréenne, précisément à Hassi Ben Abdallah, d’une ferme aquacole spécialisée dans la production de la crevette blanche. Inaugurée officiellement au début de l’année en cours, cette ferme est conçue comme un élément important dans la stratégie des pouvoirs publics visant au développement de la filière aquacole dans le Grand-Sud. Outre les six bassins de production qu’elle comprend, la ferme de Hassi Ben Abdallah, qui s’étend sur 10 ha, est également dotée, en effet, d’une écloserie pour l’obtention d’alevins, d’une nurserie de petites crevettes, d’une unité de production d’aliment et d’un centre de recherches techniques ; ce dernier travaillant en étroite collaboration avec le CNRDRA (Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l’aquaculture), de Bou Ismaïl, dans la wilaya de Tipasa. Les résultats encourageants déjà obtenus dans le développement précité de la filière aquacole dans le Sud et Grand-Sud, ont poussé la chambre inter-wilayas de la pêche et de l’aquaculture (CIWPA) d’Ouargla, dont les prérogatives s’étendent sur les wilayas susmentionnées du Sud-est du pays, à décider, en mai dernier, de la réalisation d’une nouvelle écloserie à Aïn Salah. Mais pour l’obtention d’alevins d’espèces autres que la crevette blanche ; le développement de l’aquaculture dans les wilayas du Sud et du Grand-Sud portant également sur d’autres espèces de poisson tels, entre autres, la carpe, la sandre, le poisson-chat et le tilapia du Nil.

Un développement qui a la particularité, dans ces régions, au vu de la rareté des plans d’eau artificiels (barrages et retenues collinaires) et de la quasi inexistence de sites du genre naturels (lacs), de se faire par l’implication d’agriculteurs y activant. Qui ont accepté de tenter « l’aventure » de l’aquaculture en utilisant les bassins d’irrigation de leurs exploitations agricoles. Une aventure, à l’évidence, des plus prometteuses.

Comme l’attestent, pour nous en tenir à ces trois faits, les 300 tonnes de poissons d’eau douce produites dans la seule wilaya d’Ouargla en 2015, les différentes opérations d’ensemencement de poissons déjà menées, pour certaines, et prévues pour l’être prochainement, pour d’autres, par la CIWPA d’Ouargla, dans quasiment tous les bassins d’irrigation des exploitations agricoles dont les propriétaires ont accepté de s’engager dans ladite aventure, et le nombre en constante progression d’agriculteurs dans ce cas. A titre indicatif, le développement de l’aquaculture dans les wilayas du Sud et du Grand-Sud s’inscrit dans un programme national plus large élaboré par les pouvoirs publics pour répondre aux besoins des Algériens en matière de consommation de poissons ; un programme qui a été décidé après que toutes les études menées eurent confirmé que ces besoins ne peuvent plus être satisfaits par la seule pêche maritime. Et ce, selon les études en question, pour deux raisons essentielles : l’étroitesse du plateau continental national qui rend difficile le développement du chalutage, et la baisse continue de la biomasse en Méditerranée. Un constat qui, à l’évidence, sous-tend l’élaboration du plan « Aquapêche Algérie », dévoilé, en mars 2015, à « la Conférence nationale sur le commerce extérieur ».

Couvrant la période 2015-2019, ce plan qui se veut, pour reprendre l’intitulé sous lequel il a été présenté en cette occasion, « une contribution des filières de la pêche et de l’aquaculture au développement d’un système productif compétitif en Algérie », se propose, à l’horizon 2020, de porter la production aquacole, dans ses volets maritime et continental et saharien, qui ne dépasse pas actuellement les 10 000 tonnes, à 100 000 tonnes. Un résultat auquel contribuera, selon le document précité, la concrétisation de pas moins de 600 projets : 190 dans l’aquaculture marine et 410, dans celle continentale et saharienne. Lesquels projets permettront, y est-il précisé, la création de « 30 000 emplois directs ».

Et, à coup sûr, de booster la moyenne nationale de consommation de poisson, présentement d’un peu plus de 6kg par habitant et par an, dans l’objectif de la rapprocher ne serait-ce que de la moyenne mondiale en la matière qui a été estimée par la FAO à 19kg (par habitant et par an).

A titre comparatif, qui révèle néanmoins le grand retard accusé par l’Algérie dans l’organisation de son secteur de la pêche, y compris dans sa partie aquacole, et, partant, l’immensité de la tâche visant à remédier à cette carence, la moyenne européenne (de consommation de poisson) est de 27 kg (par habitant et par an).

Mourad Bendris

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