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Richard Nouni, DG de CFAO Technologies à Algérie-eco : « Nous souhaitons travailler avec les entreprises privées algériennes afin de les aider à faire face au challenge du numérique »

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Interview réalisée par Fatma Haouari 

Richard Nouni est à la tête de CFAO Technologies depuis 2007, dans cet entretien qu’il nous a accordé, il revient sur les défis qui attendent l’Afrique et affirme que la transformation numérique permettra à ce continent jeune et plein de ressources d’accroître sa croissance. En Algérie, il estime que les entreprises privées ont tout à gagner à faire le saut du numérique pour améliorer leur productivité et leur compétitivité.

 

Algérie-éco : Présentez-nous votre entreprise ?

Richard Nouni : Le groupe CFAO est un groupe centenaire qui s’est transformé au fil de son histoire dans sa géographie et dans ses métiers. Aujourd’hui, nous sommes concentrés sur une géographie qui est essentiellement africaines et des activités en développement en Asie, et particulièrement au Sud-est asiatique. CFAO est présent dans 34 pays d’Afrique, 7 Collectivités Territoriales Françaises d’Outre-Mer, au Danemark, au Portugal, en Italie, en Inde, au Vietnam et au Cambodge. Notre activité s’appuie sur trois piliers : se soigner, consommer et  s’équiper.

Pour le premier pilier, nous activons dans l’importation de médicaments. Nous disposons également d’une plateforme industrielle de fabrication d’un certain nombre de médicaments en Algérie grâce à notre usine à Chéraga, Propharmal. Nous assurons la distribution pharmaceutique à travers Eurapharma (connue sous le nom d’EP.Dis en Algérie). Concernant  le deuxième pilier, celui-ci regroupe les industries de biens de consommation courante gérées par CFAO FMCG Industries & Distribution. Nous sommes également  en train de développer un réseau de centres commerciaux adaptés aux consommateurs africains, organisés autour d’un écosystème de fournisseurs locaux pour produire localement avec CFAO Retail. PlaYce Marcory – inauguré au mois de décembre dernier à Abidjan en Côte d’Ivoire – est le premier centre commercial d’une série de plusieurs dizaines qui seront ouverts dans huit pays d’Afrique en partenariat avec Carrefour. Et enfin, le troisième pilier se décline en deux axes. Le premier concerne l’automobile avec la distribution de véhicules, les pièces de rechange et le service après-vente, vocation de CFAO Automotive Equipment & Services. Le deuxième axe est la technologie, l’activité que je représente dans le Groupe dont la vocation est de fournir aux entreprises la puissance de calcul depuis le poste de travail jusqu’au supercalculateur. Nous fournissons également l’organisation et la mise en œuvre du stockage des données et enfin les réseaux pour le transport de l’information à l’intérieur et l’extérieur des entreprises. Ces éléments traités, stockés et transportés sont  complétés par une offre de services et outils qui aident à mieux utiliser les trois éléments ci-haut évoqués et ainsi optimiser la production informatique. Notre Groupe emploie plus de 12 000 personnes avec l’essentiel de nos équipes sur le terrain dont 600 d’entre elles dédiées à CFAO Technologies.

 

Le groupe CFAO a entamé une nouvelle stratégie au regard des mutations économiques, peut-on connaitre les grandes lignes de cette stratégie ?

 

Le groupe CFAO porte de nombreuses activés. Sa stratégie aujourd’hui est d’être à l’écoute de ce qui se passe sur le continent africain. C’est la première grande ligne que nous nous imposons. La deuxième a trait à notre engagement d’apporter des réponses concrètes aux besoins d’évolution de la classe moyenne et des entreprises africaines dans leur recherche de productivité et de compétitivité. Nous continuerons à nous battre pour être à la hauteur des challenges des économies émergentes de l’Afrique. Cela exige beaucoup de discipline, de sérieux et surtout un engagement sur le long terme.

 

Quels sont, selon vous, les besoins essentiels du continent africain actuellement pour se développer  économiquement tout en tenant compte des  faibles ressources financières de ses pays ?

 

CFAO Technologies est une entreprise de service numérique. Ceci étant dit, j’aime bien rappeler quelques réalités. Les institutions les plus crédibles, Banque Mondiale, BAD, OCDE etc. s’accordent à dire que la croissance africaine a été largement bonifiée par le saut qualitatif que les pays africains ont su faire dans la téléphonie mobile.

Il y a moins de vingt ans, le taux de pénétration de la téléphonie était de l’ordre  2%. Aujourd’hui, les études les plus sérieuses la situent autour de 90% en moyenne. C’est un bond considérable. Cela a créé des emplois, facilité les échanges et le commerce et  à alimenter cette croissance que le reste du monde nous envie.

Le Numérique est continuité de ce développement (qui a entrainé la mise en place d’infrastructures de qualité) avec un potentiel qui je le crois sera beaucoup plus impactant pour nos économies, en terme d’emploi, de qualité de service, voir même de gouvernance.

Il faut souligner que l’Afrique a une caractéristique unique au monde. C’est un continent très jeune. Plus de 50% des populations africaines ont moins de 25 ans, ils sont nés et ont grandi dans le numérique. Notre entreprise est d’ores et déjà dans les starting block pour cette passionnante aventure. Nous avons la faiblesse de croire que la transformation numérique apportera un surcroit de croissance en Afrique dont elle a notamment besoin pour endiguer le chômage des jeunes. Elle apportera de l’efficacité à nos administrations publiques dans le sens où on rentrera dans un monde plus réactif et plus traçable et ces dernières pourront offrir des  services plus performants aux citoyens et aux entreprises privées. Cela permettra à nos pays de se développer plus rapidement. Maintenant on peut certes légitimement se poser la question des moyens. Cependant, l’expérience a démontré que la transformation numérique est moins coûteuse que certains pans de l’économie. A mon avis, la question que l’on doit se poser est : Allons-nous laisser nos jeunes de côtés ou allons-nous leur permettre de rentrer de plain-pied dans l’univers qui est le leur  en contribuant à la croissance de leur pays ? C’est ce segment de l’économie qui va pouvoir transformer nos pays et nous projeter dans la modernité. Il y a quelques années, les pays africains rencontraient des problèmes avec la téléphonie fixe et se demandaient comment s’approvisionner en kilomètre de câbles de cuivre pour et par où les faire passer mais avec le satellite et le GSM, le problème a été résolu avec une facilité déconcertante. En fait, les pays africains évoluent par bond successif  avec une très forte adaptabilité contrairement à l’Occident qui a une évolution linéaire.

Le vrai enjeu de la transformation vers le numérique aurait pu se situer au niveau de la quantité de ressources humaines qualifiées. Mais le Cloud qui est      une composante de l’économie numérique sera – permettez-moi l’image – comme le GSM pour la téléphonie. C’est-à-dire qu’on va pouvoir mutualiser  les ressources humaines pour être plus efficace, ainsi que les infrastructures pour réduire la facture globale. On  va développer de moins en moins des systèmes isolés. Tout ceci dans un contexte où nous avons des jeunes qui ont l’agilité et les prérequis nécessaire pour être suffisamment créatifs et apporter des réponses aux besoins de leur pays. Nous pensons que c’est dans cette direction que le continent va aller inéluctablement parce que les données du problème sont claires et la solution ne peut être qu’on ne peut plus claire.

 

Expliquez-nous dans le détail les services que prodigue CFAO Technologies à ses clients?

Au niveau de notre division au sein du groupe CFAO, nous avons développé ces dernières années deux axes nouveaux qui permettent de compléter  les trois segments que j’ai évoqués plus haut. Il s’agit de l’activité Software, des logiciels qui aident nos clients à augmenter leur productivité et surtout à optimiser l’utilisation de l’infrastructure qu’ils ont mis en place. Je citerai les outils de management, de sécurité, de collaboration et de gestion électronique de document. Tous ces outils ont en commun d’être utilisables par toutes les organisations publiques ou privées mais aussi par les ONG. Leur objectif est d’accroitre leur efficacité, leur productivité, leur rendement et leur agilité. Cela veut dire que nous ne nous contentons pas seulement d’installer des équipements  mais nous proposons aussi à nos clients  des services qui leur permettent de les  exploiter au mieux. Nous nous engageons auprès de nos clients à leur fournir un niveau élevé de qualité de services prédéfinie qui soit mesurable et cela de manière continue sur une période qui peut aller jusqu’à trois ans. Cet engagement est garant de notre développement et représente l’axe de notre offre de services. Par le passé, nous faisions de la maintenance mais nous avons poussé notre activité vers ce que l’on appelle dans le jargon informatique, le service managé ou l’infogérance ; il/elle permet à nos clients d’externaliser les activités non critiques pour gagner en qualité de service et se concentrer plus amplement sur leur cœur de métier. Nos autres activités dites d’intégration mettent l’accent sur l’innovation et permettent à nos clients de mieux collaborer, d’être plus réactifs et agiles. Notre division a récemment obtenu la certification Cisco Gold, référence la plus élevée au niveau mondial en matière de conception et d’assistance réseau et informatique. C’est la première société de services informatiques de la zone à obtenir ce niveau de certification en Afrique de l’Ouest et Centrale, sur 18 pays. Cette certification globale concrétise la stratégie de développement de compétences et de valeur ajoutée mise en œuvre par CFAO Technologies et qui lui a déjà permis de détenir le statut de « partenaire spécialisé » accordé par l’entreprise américaine sur l’ensemble de sa gamme de solutions.  Nous investissons de la même façon avec des acteurs majeurs tels qu’IBM, Oracle, Microsoft ou Schneider Electric.

 

 

En Algérie, vous êtes souvent sollicités par les grandes entreprises notamment publiques. Pouvez-vous nous parler des prestations que vous avez effectuées dans ce sens ?

CFAO Technologies opère dans 21 pays d’Afrique à partir de neuf filiales et quatre centres de compétences : l’Algérie, le Cameroun, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Nous sommes présents en Algérie depuis 2002. Nous sommes honorés d’avoir travaillé avec de grandes entreprises. Nous avons, pour la quasi-totalité des banques publiques, réalisé des projets importants, notamment les serveurs de production que nous avons mis en place avec des technologies complexes, comme la virtualisation pour réduire les coûts, l’optimisation de l’administration et le gain  d’espace, le partage de la puissance de calculs à l’intérieur des banques, etc. Nous avons mis en place des réseaux de très larges tailles aussi bien pour des organisations publiques que privées. Je vous citerai par exemple la BNA, le CPA, la CNEP et la Banque d’Algérie. Concernant les banques privées, on en dénombre une dizaine dont Al Baraka, ABC Bank, BNP Paribas, Société Générale. Dans le secteur de l’énergie, je vous citerai Naftal pour laquelle nous avons construit un data center de nouvelle génération, le premier du genre en Afrique. Nous travaillons en étroite collaboration avec des organismes algériens tels qu’Algérie Télécoms ou encore Algérie Poste. Nous avons également collaboré avec l’Office National de la Météorologie pour lequel nous avons déployé le plus gros supercalculateur d’Afrique qui permet à l’Algérie de faire des prévisions de grande précision en toute autonomie. Ce projet, je tiens à le préciser, a été réalisé par des ingénieurs algériens. D’ailleurs, 95% de notre effectif en Algérie est  algérien.

La transformation numérique, à côté de l’encouragement de la production nationale, est  un des axes sur lequel s’appuie le  nouveau modèle économique que prône l’Algérie. Concrètement, en tant que leader dans ce domaine, que pouvez-vous proposer aux entreprises algériennes, notamment celles du secteur privé ?

Nous proposons à nos clients le plus haut niveau de compétence dans l’analyse des besoins, l’élaboration des solutions, leurs mises en œuvre, leurs exploitations et la formation des utilisateurs : de l’audit à la rédaction du cahier des charges, du conseil à la conception architecturale du système d’information jusqu’à sa mise en œuvre, sa maintenance, son évolution et la formation de ses utilisateurs, en passant par l’intégration des logiciels de productivité et l’ingénierie spécifique. Nous nous engageons à garantir la qualité de nos prestations. Aujourd’hui pour les entreprises privées, l’enjeu est la mobilité dans un contexte de concurrence accrue. Le chef d’entreprise n’a pas besoin de rester ou de retourner dans son entreprise pour consulter ses e-mails et il n’a pas besoin de recruter des ingénieurs système ou des ingénieurs réseau dédiés. Nous sommes l’une des rares sociétés capables d’apporter toutes ces ressources aux entreprises et de proposer à ces ingénieurs de pouvoir intervenir sur de grands nombres d’environnements clients différents. Le défi majeur est la productivité et l’une des manières d’y arriver est d’utiliser des outils qui existent sur le marché. Nous les apportons que ce soit le management d’actifs industriels ou informatiques, de gestion électronique de documents voir même la gestion de la performance.

Qu’en est-il de la formation ?

 

Nous avons un lien quasi-congénital avec la formation. Nos métiers exigent que nos collaborateurs se remettent en question, se forment en permanence afin de pouvoir suivre l’évolution rapide des technologies. Dans toutes nos filiales et encore plus en Algérie, nous disposons toujours d’un centre de formation. Ces centres sont agréés et en partenariat avec des centres de certifications pour permettre aux gens de passer leurs diplômes sur place sur des technologies précises. Pour vous dire à quel point nous sommes impliqués, nous contractons avec des universités et des écoles d’ingénieurs des conventions de partenariats dans plusieurs pays pour donner l’accès aux étudiants, à travers des stages, des compléments de formation pratique et de professionnalisation afin qu’ils puissent accéder à leur premier emploi. L’autre aspect de notre démarche est l’organisation de séminaires et de forums de vulgarisation des technologies ouverts à tous.

Peut-on connaître vos projets à venir ?

Tout d’abord, nous aspirons à poursuivre dans tous les pays la mise en place de nos offres d’infogérance, lancées il y a deux ans, pour rendre nos clients plus performants. Nous allons par ailleurs  continuer à nous agrandir en nous implantant dans d’autres pays. Pour finir, nous allons  assurer notre transformation d’entreprise de service informatique en entreprise de service numérique. C’est toute une culture à changer. Nous souhaitons  travailler avec les entreprises  privées algériennes, gagner leur confiance pour les aider, dans leur quête de modernité et de compétitivité, à faire face au challenge du numérique.

 

 

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