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INTERVIEW: “Il est important dans toute stratégie d’entreprise d’avoir une diversité de solutions”, Georges Ferré

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INTERVIEW Georges Ferré, chef de projet dans le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger qui opère dans 125 pays, accompagne les dirigeants et politiques sur des questions de prospective de stratégie de long terme mais aussi de mise en place opérationnelle de ces stratégies. En marge des rencontres « Les rendez-vous de l’entreprise » sur le thème du Project finance organisées jeudi à Oran, il a répondu aux questions d’Algérie Eco sur la diversification des formes de financement.

Sarah Mechkour: Dans le cadre de stratégies de long terme, en quoi le développement de nouvelles formes de financement est important ?

Georges Ferré : Le financement c’est la ressource, une fois que l’on a une idée, pour la mettre en place il faut une ressource. L’argent, le financement c’est une ressource essentielle. On prône une diversification des sources mais aussi des modes de financement, de la nature du montage.

Par exemple, pour les Etats et c’est le cas de l’Algérie, lorsqu’il y a une ressource, une manne ou une rente, il y a tendance à n’utiliser que cette source là. Or, on sait très bien qu’en fonction de la conjoncture les choses peuvent fluctuer. Et il est important dans toute stratégie d’avoir une diversité de solutions.

Pour les Etats, on prône toujours de mettre en place non seulement des apports de fonds propre, mais aussi de mettre en place d’autres structures au sein de l’économie, comme par exemple les marchés, l’appel à l’épargne de la population. Surtout que ce type de solutions permet de se financer à long terme et de donner des dividendes à long terme pour ceux qui investissent.

Qu’en est-il pour les entreprises ?

Pour les entreprises c’est exactement la même chose en fonction du type de projet de l’entreprise, il va y avoir un financement qui va être plus approprié et qui va défendre les intérêts de l’entreprise.

Ne serait-ce que quand on regarde un projet de long terme, avec l’achat d’un actif cher et qui va durer longtemps dans l’entreprise, versus un besoin de trésorerie de court terme pour payer un fournisseur. Ce sont deux besoins très différents et ce sont donc deux types de financement et deux sources de financement qui vont être très différents.

Et notre rôle est de mettre à jour pour les dirigeants de l’entreprise, les différentes possibilités et les différents recours qu’il peut avoir en fonction de ses besoins.

Il n’y a pas de meilleur financement qu’un autre, cela va dépendre de la structure de l’entreprise, du contexte et du projet ?

Ce qui est dommage c’est quand un type de financement qui est prévu pour un certain objet est utilisé pour un autre. Là, forcément l’entreprise risque d’être perdante parce que soit elle va payer trop cher, soit elle ne va pas avoir les ressources nécessaires. Il peut y avoir un problème, quand il n’y a pas une bonne correspondance entre le besoin et l’outil.

Quels seraient des exemples de bonne correspondance entre le besoin et le financement ?

C’est très simple. Par exemple, une entreprise qui veut faire de la croissance externe et qui veut acheter une autre entreprise, elle a tout intérêt à aller sur les marchés de capitaux et financer cette acquisition par une émission d’actions par exemple ou par une émission de dette obligataire. Ça sera sans doute avantageux pour elle. Bien sûr, il faut regarder tous les paramètres qui sont en jeu, mais ça peut être plus avantageux pour elle que d’utiliser les fonds propres qu’elle détient.

La part de risque est-elle plus importante dans l’utilisation de ce type de financement ?

Tout risque est à mettre en face d’une opportunité ou d’un retour. Il faut qu’elle étudie tous les paramètres. Non, il n’y a pas plus de risque. Elle va pouvoir allouer ses fonds propres à faire autre chose et donc mitiger une partie du risque global.

Mais il n’y a pas plus de risque puisque de toute façon, toute entreprise doit identifier les risques que comportent les opportunités et trouver une solution à mettre en face.

Il y a aussi des risques à utiliser sa source de financement habituel, sauf que peut-être que l’entreprise les connaît mieux. Mais il faut qu’elle apprenne à connaître ce à quoi elle s’expose quand elle utilise des sources de financement alternatives et nouvelles. Il y a des solutions et des réponses pour tout cela.

En Algérie, les financements auxquels les entreprises et particuliers font appel ne sont pas très diversifiés, quel type de fonds reste encore méconnu et sous utilisé ?

La mobilisation de l’épargne longue. L’appel à l’assurance vie. L’assurance vie n’est pas contradictoire dans sa forme islamique avec les besoins ou les aspirations de la population en Algérie.

Un algérien qui a des principes religieux peut tout à fait par le biais de son assurance vie acheter une portion d’un pont aussi petite soit elle et la louer à l’opérateur. C’est un montage tout à fait charia complient (conforme aux règles islamiques, ndlr).

Toutes les barrières que l’on peut voir et imaginer lorsque l’on parle d’un concept qui est méconnu peuvent être surmontées en s’adaptant au contexte algérien.

 

Propos recueillis par Sarah Mechkour

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