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Tewfik Hasni, consultant : « Le développement des énergies renouvelables a besoin d’une entité indépendante »

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Dans cet entretien, l’expert en énergies, M Tewfik Hasni donne son avis sur le programme national actuel de développement des énergies renouvelables.  Pour lui, ce modèle devrait faire l’objet d’un grand débat entre l’ensemble des acteurs dans le domaine de l’Energie. M Tewfik Hasni tient également à préciser que le développement des énergies renouvelables doit être pris en charge par une entité indépendante.

 

Algérie-Eco : Le développement des énergies renouvelables alimente ces derniers temps les débats en Algérie. Vous avez déclaré dans l’une de vos sorties médiatiques que le  programme national de développement des énergies renouvelables souffre d’avoir été « mal cerné ». Pouvez-vous expliquer?

Tewfik Hasni : Cette remarque traduisait le fait que le programme national n’a pas été établi sur la base d’un modèle de consommation énergétique précis et détaillé. Ce modèle devrait faire l’objet d’un grand débat entre l’ensemble des acteurs dans le domaine de l’Energie. Les intérêts peuvent être divergents entre certains acteurs de la sphère énergétique. Le poids Sécuritaire et Economique n’en est pas moins déterminant. Le modèle prend en charge l’analyse comparative des différentes formes énergétiques : Hydrocarbures, nucléaire, Energies renouvelables (sous toutes leurs formes technologiques). La grille d’évaluation des différentes énergies est la suivante : le cout, la sécurité d’approvisionnement, le changement climatique et la COP 21, l’indépendance énergétique et non électrique seulement, la durabilité, l’intégration industrielle, l’adéquation avec les systèmes électriques (SMART GRID) et enfin potentialité à l’export.

C’est le résultat de cette évaluation qui vous donnera le meilleur mixte énergétique.

La mise en œuvre ensuite de programme ne peut être le monopole d’un acteur. La volonté politique actuelle d’élargir ce domaine à l’ensemble des acteurs Publics ou Privés ou en partenariat, semble être bien affichée. L’échec depuis 2011, dans la concrétisation de ce programme confirme notre point de vue.

Pourtant les solutions existent, nous avons eu à le démontrer dans les lignes de votre journal particulièrement.

Cela nécessite quelques réformes, plusieurs fois demandées par l’ensemble des investisseurs. Le temps ne joue pas pour nous. Vous ne pouvez demander à un investisseur d’investir jusqu’au milliard de dollars, sans couvrir certains risques. Les autres pays voisins et/ou du MENA nous ont donné une leçon. Ils ont attiré les investisseurs, alors que la position de notre pays lui donne un avantage comparatif sans pareil. En effet, nous avons le plus grand potentiel de solaire thermique que n’importe quel pays du bassin méditerranéen. Nous sommes le pays le plus proche du marché énergétique européen.

Nous avons la possibilité d’ouvrir l’accès à ce marché par la formalisation d’un accord d’intégration des réseaux électriques du Maghreb au réseau européen. Nous avons l’avantage de disposer du gaz (naturel et/ou torché) pour hybrider nos centrales et gagner un cout de stockage qui rendrait compétitif l’électricité produite même comparée au gaz naturel ou au nucléaire en Europe et sans subventions. La démarche demande un certain savoir-faire et d’expertise. Vous comprenez pourquoi j’ai qualifié le programme de manque de précision.

Certains experts déplorent le fait que qu’on ait confié dans ce domaine un monopole à Sonelgaz. Êtes-vous de cet avis?

L’exemple de tous les pays qui ont réussi dans le développement des énergies renouvelables, nous montre que le développement des énergies renouvelables doit être pris en charge par une entité indépendante. La divergence d’intérêts entre la société publique en charge de l’électricité et le développement des énergies renouvelables, est évidente. Les problèmes de Sonelgaz qui produit à pertes la situation. La complexité ne pouvaient que rendre plus ardue le problème. L’arbitrage entre le transport d’électricité à partie d’énergies renouvelables et l’électricité conventionnelle étant entre les mains de l’entité juge et partie.

C’est pour cela que la mise en œuvre du programme national énergies renouvelables doit intégrer tous ces paramètres et certainement les autres conditionnalités telles que : la fabrication des équipements, l’exportation etc..

Etes-vous pour ou contre le partenariat international dans ce domaine? Et pourquoi?

Il ne s’agit pas d’être pour ou contre un partenariat. La question est de savoir si vous disposer de toutes les ressources nécessaires pour achever le programme ENR.

La question est tranchée, nous n’avions pas la technologie et le savoir faire, nous n’avions pas l’accès au marché à l’export, et enfin nous n’avons plus de ressources financières.

L’appel aussi bien à des investisseurs étrangers pour le financement, comme au transfert technologique et la savoir dans la fabrication est manifeste par nos autorités. La seule solution reste le partenariat. Même la Chine a utilisé cette voie.

On dit que la valorisation énergétique des déchets peut couvrir 1,5 million d’habitants en électricité. Quel commentaire faites-vous à ce sujet?

Je ne pourrais vous confirmer que la valorisation des déchets pour générer de l’électricité, je suppose ?puisse effectivement couvrir les besoins de 1,5 million d’habitants. Comme je l’ai mentionné pour l’élaboration du modèle de consommation énergétique, nous aurons à intégrer cette forme de génération électrique et la passer au crible défini plus haut. Après cela, nous aurons éventuellement sa contribution au mix énergétique de demain. Il faut retenir cependant que ce potentiel reste faible sachant que la population algérienne dépasse les 41 millions d’habitants et que la croissance démographique bat des records.

 

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