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Youcef Kalafat, président de la Fédération des boulangers : « Si la situation persiste, l’année prochaine verra la disparition de tous les boulangers »

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Dans cet entretien, le président de la fédération des boulangers affiliée à l’UGCAA, M Youcef Kalafat affirme que sa fédération s’en lave les mains des dernières informations faisant état d’une augmentation du prix du pain de 50%. Selon lui, la revendication principale des boulangers restent l’augmentation de la marge bénéficiaire qui doit être défini selon la réglementation. Et même si la fédération décide d’augmenter le prix de la baguette, il  sera, selon lui, pas plus de 25%.    

Algérie-Eco : Les boulangers reviennent à la charge, certains expriment leurs souhait de revoir à la hausse les prix avec une augmentation de 50%, ce qui donne un prix de 15 DA l’unité de pain. Est-ce que votre fédération fait partie de ces derniers ?

Youcef Kalafat : Non absolument pas. On réfute  ces propos. Car même si notre fédération compte revendiquer une augmentation du prix du pain, ça ne sera pas 50%. Ça sera entre 20 et 25%.

Il faut savoir aussi qu’au niveau de notre fédération, les boulangers n’ont jamais demandé une hausse du prix du pain, mais revendiquent l’augmentation de la marge bénéficiaire.  Nous sommes plus inquiets du moment que rien n’est fait dans ce sens depuis plus de trois ans. Notre revendication concernait une révision de la marge bénéficiaire de 3% actuellement pour la porter à 20%. Nous dirons que c’est la réglementation qui définit la marge bénéficiaire selon les secteurs d’activités.

Mais jusqu’à présent, aucune décision n’a été prise dans ce sens. Certes, nous avons eu des réunions avec les différents ministres du Commerce qui se sont succédés à la tête de ce département. Ils étaient très à l’écoute des boulangers et nous avons d’ailleurs tracé un programme qui a été malheureusement mis à l’arrêt à chaque fois qu’on change de ministre.

Nous avons également proposé de nous fournir une farine mixée à partir de blé dur qui n’est produite que localement car elle est utilisable uniquement dans la fabrication du pain. En plus d’être bonne pour la santé des consommateurs, ce type de farine assure une marge bénéficiaire respectable pour les boulangers.

Le temps passe et l’activité des boulangers est menacée. Je déplore que ce dossier n’ait toujours pas été pris en charge.

Avez-vous été contacté par le nouveau ministre du Commerce Mohamed Benmeradi ?

Oui, c’était le 02 octobre dernier. Il nous a promis de soumettre nos doléances au Premier Ministre car pour nous, le ministre du Commerce n’est qu’un intermédiaire entre notre fédération et le Premier Ministère. Mr Benmeradi, comme les ministres précédents, était très à l’écoute. Mais le problème, c’est que ça traîne toujours et les boulangers commencent à perdre patience. Avec les charges qui pèsent sur eux. Il faut savoir également que le prix de revient d’une baguette de pain est de 9,57 DA alors que la loi de 1996 fixe le prix de la baguette à 7,50 DA. Certes le prix de vente actuel qui est de 10 DA n’est pas réglementaire, mais c’est la seule manière pour nous, boulangers, de compenser nos pertes qui deviennent de plus en plus inquiétantes.

Donc vous attendez toujours la réponse du ministre du Commerce. Avez-vous fixé un ultimatum à ce sujet ?

Nous attendons la réponse du ministre du Commerce mais je dirai que le prix de 10 da pour la baguette de pain ne sera pas pour longtemps.

Quelles sont les revendications principales des boulangers ?

Les boulangers demandent des subventions sur les matières premières comme la levure, les améliorants, le gaz et l’électricité. En parlant d’électricité, les boulangers font face ces dernières années au problème de coupures d’électricité qui engendrent des pertes considérables. Les boulangers demandent aussi que la farine subventionnée ne soit destinée qu’à la fabrication du pain et nous avons proposé dans ce sens un nouvel emballage pour cette farine subventionnée sur lequel il sera mentionné «vente interdite ».

Il faut savoir que cette situation a poussé certains boulangers à mettre la clé sous le paillasson ou à changer carrément d’activité. Il y a ceux qui se sont reconvertis en épicerie, d’autres en restaurants… Et ce sont plus de 3 000 boulangeries qui ont déclaré faillite et si la situation persiste, l’année prochaine verra la disparition de tous les boulangers.

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