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Les hydrocarbures, une malédiction, dites-vous ?

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On a souvent entendu des déclarations pessimistes voire défaitistes devant la situation de crise que traverse le pays. On a aussi « pointé du doigt » les hydrocarbures, cette ressource généreuse qui a permis au pays de résister aux pires moments de son existence, à rester debout et à continuer à se redresser en dépit des prophéties de Cassandre. Seulement, ce n’est pas cette ressource qu’il faut vouer aux gémonies mais la mauvaise gestion dont elle été victime et le rôle néfaste qu’on lui a fait jouer car force est de constater que les hydrocarbures n’ont jusqu’à ce jour été perçues que comme une rente providentielle qu’on n’a pas su faire fructifier ni utiliser à bon escient

Premiers pourvoyeurs de financements publics, les hydrocarbures, sont devenus du jour au lendemain une malédiction tant l’économie nationale en est totalement dépendante. Une situation devant laquelle les plus habiles des experts sont réduits à émettre des conjectures  des plus improbables.

Cependant, certains observateurs avancent que la chute du prix du pétrole est une aubaine pour l’Algérie de repenser de fond en comble sa politique économique et d’explorer d’autres créneaux. Sonatrach qui depuis sa création en 1963, est toujours présentée comme la première entreprise du continent africain et 12ème entreprise pétrolière mondiale, le 2e exportateur de GNL et de GPL et le 3e exportateur de gaz naturel, est toujours sous l’emprise de l’instabilité politique et des changements de personnels dirigeants sans que sa politique ne change d’un iota.

Elle est toujours gérée de façon archaïque sans qu’on lui donne les moyens d’avoir amplement le statut qu’elle mérite et de participer de façon plus adéquate et plus soutenu à accompagner la diversification économique dont elle doit être le moteur.

L’activité phare reste la production du pétrole et du gaz naturel bruts alors que l’intelligence aurait exigé qu’on tende vers la diversification énergétique comme le « carburant » dynamique et intarissable de la transition économique qui n’arrive pas à sortir de sa trappe depuis les années 1970, époque où les voix commençaient à disserter sur la nécessité de développer le secteur économique et de professionnaliser les activités par filière.

L’exigence d’une  stratégie à long terme

Opérateurs économiques comme experts nationaux se plaignent du manque de visibilité et d’absence de stratégie à long terme. Ils se plaignent également de ne pas être écoutés alors qu’ils ont des propositions concrètes et sont prêts à se lancer dans l’aventure du développement. Cependant, l’Algérie reste coincée entre le marteau et l’enclume et ne guette que le marché du pétrole et ses fluctuations comme s’il n’y avait pas d’autres marchés plus attrayants pour son potentiel et ses atouts.

En fait, Il ne s’agit pas de sortir de la dépendance aux hydrocarbures mais trouver les moyens et les idées de donner une nouvelle orientation à cet énorme potentiel. Ce serait illogique de dire qu’on ne dépendra plus des hydrocarbures car chaque nation dépend pour sa survie de ses ressources matérielles, immatériels et humaines mais à sa charge d’en faire bon usage pour s’adapter aux changements et affronter les crises en toute sérénité en puisant dans ses forces.

Parmi les experts qui activent dans le domaine de l’économie de l’énergie, Kamel Ait Cherif affirme que « depuis l’indépendance, on n’a pas arrêté de déclarer qu’il faut aller vers une transition économique. Elle est restée un vœu pieux car on a mal posé le problème. Il faut commencer par la transition énergétique, qui va automatiquement opérer un effet d’entrainement sur le secteur économique. C’est indéniable, on ne peut plus continuer à ne miser que sur les exportations du pétrole brut et du gaz naturel. Les autorités publiques mettent le paquet sur l’activité en amont alors que l’activité en aval est plus rentable. Il faut aller vers la transformation des hydrocarbures  et notamment du gaz naturel car l’Algérie est d’abord un pays gazier ».

Notre interlocuteur enchaine en soulignant qu’ « actuellement, les raffineries ne raffinent que moins de 50% du pétrole brut, le reste est exporté et elle importe pour 4 milliards de produits chimiques et pétrochimiques. On exporte le gaz naturel à un prix bas pour exporter des produits dérivés à un prix plus cher. On exporte le pétrole pour 50 dollars le baril et on importe le produit raffiné en essence à 245 dollars le baril. La différence est énorme. L’économie d’énergie ne doit pas seulement se baser sur les restrictions sur la consommation mais également la transformation de nos ressources énergétiques ».

L’industrie pétrochimique, à développer de toute urgence

L’industrie pétrochimique mais également le recyclage des déchets pétroliers constitue également un filon à ne pas négliger car il peut approvisionner des secteurs économiques majeurs notamment en matières premières et en intrants, maillon faible de l’industrie nationale et importés à coups de milliards de dollars.

Un grand nombre de produits sont fabriqués à partir de pétrole comme par exemple la plupart des matières plastiques. Une majorité des textiles (nylons, polyesters, etc.) sont issus de la pétrochimie. Par ailleurs, la pétrochimie permet aussi de produire des détergents, des caoutchoucs, des adhésifs, des solvants et même des médicaments ou des cosmétiques. De nombreux engrais et pesticides sont des dérivés de transformations pétrochimiques utilisés dans les secteurs de l’agriculture et la pêche. Les travaux publics ne sont pas en reste s’agissant du bitume pour couvrir les routes.

Il faut également évoquer, le recyclage des déchets des hydrocarbures qui a un double gain et un double emploi, à la fois écologique, une tonne de plastique, c’est 650 kg de pétrole économisé. La transformation du pétrole et du gaz naturel permet  de développer la sous-traitance  par la création de PME/PMI et partant la création de postes d’emplois. Elle permet également de booster la recherche scientifique et de faire émerger des pôles d’excellence.

Alors les hydrocarbures, une malédiction, dites-vous ? Non, une bénédiction qui a besoin d’un nouveau souffle pour que ces ressources qu’on qualifie de fossiles, se réincarnent en ressources « vivantes » en se régénérant sous d’autres formes pour le bien des nouvelles et futures générations.

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