AccueilInterviewsYazid Benmouhoub : « La Bourse est une alternative de financement pour...

Yazid Benmouhoub : « La Bourse est une alternative de financement pour les PME notamment dans la situation économique actuelle »

- Advertisement -

Après la fonte des réserves de change, la pression financière ne cesse d’augmenter sur la Banque Centrale, ce qui pose un problème de liquidité aux affaires des entreprises. Sur cet aspect, le DG de la Bourse d’Alger, M. Yazid Benmouhoub a évoqué, dans cette interview, les solutions offertes par son organe pour passer cette crise.

Algérie-Eco : Quelle est la position de la Bourse d’Alger par rapport aux autres bourses de la région ?

Yazid Benmouhoub : La réussite de l’opération d’introduction en bourse de Biopharm, pour un montant de 6 253 443 700 DA, a permis, à la bourse d’Alger, d’atteindre une capitalisation de 45,77 milliards de dinars, soit le triple de sa capitalisation boursière en 2015 (+196. 70%).
En 102 séances tenues pendant 2016 à fin 2016, l’activité du marché principal hors blocs, a enregistré une hausse de la valeur transigée de 77,65%, passant de 59 896 725 dinars, en 2015, à 106 403 630 dinars, en 2016, ce qui témoigne du dynamisme de ce marché.

En effet, c’est clair que la Bourse est la vitrine de l’économie d’un pays, à ce titre si on compare la Bourse d’Alger avec celle de Casablanca et celle de Tunis en matière de capitalisation, on se trouve très loin par rapport aux capacités à l’économie nationale et au PIB. Logiquement la Bourse d’Alger devrait être beaucoup plus importante que celles de ses voisins, malheureusement, ce n’est pas le cas.

La bourse de Tunis actuellement a une capitalisation de l’ordre de 10 milliard de dollars, et la Bourse de Casablanca est à 65 milliards de dollars, par contre la bourse d’Alger est à seulement 450 millions de dollars et c’est très peu. On peut dire dans ce cas-là que la Bourse d’Alger a beaucoup de marge de manœuvre. C’est possible que la bourse d’Alger va connaitre, dans les années à venir un développement plus important, et nous pourrons être facilement à la hauteur de ces Bourses.

Vous venez de signer une convention avec Jil FCE. Que peut faire La Bourse d’Alger pour développer les Start-up ?

Cette convention permet de rapprocher les PME et les startups de la Bourse d’Alger. Déjà on a mis depuis 2012 un marché qui est destiné à la petite et moyenne entreprise mais qui n’était pas alimenté. Nous allons travailler avec les adhérents du Jil’ FCE pour vulgariser le marché boursier auprès d’eux. Autre part on va les former au niveau de la Bourse sur les mécanismes et le financement boursier en forme d’ateliers à partir du mois de septembre. Nous allons également travailler en collaboration avec Jil’ FCE pour essayer de repérer les entreprises qui  sont susceptible d’être introduites en bourse sur le marché PME. Nous travaillerons avec ces entreprises pour celles qui ont une forte potentialité de croissance et celles qui ont une taille plus importante et qui ont des business plan très claire. Avec on va travailler ensemble pour les accompagner et pour leur donner la possibilité d’être financées sur ce marché.

Que représente le marché boursier pour le financement des jeunes entrepreneurs ?

La Bourse est ouverte à toutes les entreprises mais je souligne que les grandes entreprises prennent plus de temps, notamment le secteur privée, ils sont dans un système de financement classique soit autofinancement ou financement à travers les crédits bancaire, donc pour changer et adopter le financement à travers la Bourse où l’ouverture du capital prend plus de temps. Par contre les jeunes entreprises n’ont pas cette contrainte car les gérants sont jeunes plein de motivation et cherchent des financements. Pour eux l’essentiel est de trouver des financements pour leurs entreprises. Par définition les PME en général, sont telles qu’elles pourront avoir plus recours à la Bourse parce qu’elles ont une marge de croissance plus importante qu’une grande entreprise. Nous pensons que la PME en Algérie peut être un facteur de dynamisation de la Bourse et la Bourse est une sérieuse alternative pour les PME en particulier, notamment dans la situation économique actuelle qui traverse le pays.

Je dois préciser que ce n’est pas toutes les startups qui sont éligibles automatiquement, car il y a des conditions, dont  celle d’être des SPA (société par actions), donc elles doivent être adaptées à ce statut juridique. Plusieurs chefs d’entreprises ignorent qu’ils peuvent crées une nouvelle entreprise à travers le lancement d’une opération publique de vente au niveau de la Bourse et ceux qui s’y intéressent vont entrer au capital, ensuite ils vont constituer la nouvelle société à travers la Bourse. Concernant l’obligation du changement du statut en SPA, on pense à faciliter cet aspect juridique prochainement.

Est-ce qu’il existe des négociations avec d’autres associations patronales ?

Les négociations n’ont jamais cessé avec les associations patronales et avec les chambres de commerce, pour plus de vulgarisation. La Bourse pose le nouveau modèle de croissance, les banques sont dans un stress de liquidité très important, selon les derniers chiffres de la Banque Centrale, la liquidité bancaire a baissé de plus 67 %, c’est autant d’argent qui manque entre 2014 et 2016. Cette baisse drastique va sûrement impacter sur le prix du crédit,  parce que les banques actuellement se refinancent auprès de la Banque Central avec un coût de 3.75 %,  automatiquement le crédit deviendra plus cher. Deuxièmement, les banques aussi sont confrontées à un  problème très sérieux : c’est la transformation de l’épargne qui est généralement de courte durée vers des crédits à moyen et long terme, c’est difficile de jouer sur cette transformation, il est difficile également de continuer à faire pression sur le secteur bancaire dans le financement de l’économie nationale. Il faut donc aider le secteur bancaire. Si demain le secteur bancaire connaisse une crise, la Bourse restera un moyen de financement.

Vous avez signé un contrat avec une société espagnole « BME AFI » pour un nouveau système électronique de cotation, est-ce que ce système a été réalisé ?

Le contrat qui est dans le cadre de la modernisation de la Bourse d’Alger, a été signé par la direction générale du trésor avec BME AFI, afin de doter notre institution d’un nouveau système électronique de cotation et un système de gestion électronique, qui sera aux standards des systèmes qui existent dans le monde. Nous avons entamé ces derniers jours des réunions avec les experts de l’entreprise espagnole, la première étape de diagnostic a été presque terminée. À partir de ce diagnostic, on attaquera dans la deuxième phase qui est l’architecture du nouveau système de cotation. Nous allons commencer les réunions au mois d’août.

Je veux signaler également qu’on a gagné quatre à six mois de la première phase parce qu’ils ont trouvé que le système de l’architecture de la cotation algérien n’est pas totalement différent de ce qu’existe à travers le monde. L’objectif attendu est d’améliorer le système de cotation et passer du fixing ou continuer, ainsi faire une plateforme- électronique. La troisième étape sera l’implémentation du nouveau système durant le deuxième semestre de 2018.

Quelle est la prochaine étape pour la Bourse d’Alger ?

Notre prochaine étape pour la bourse, c’est d’alimenter et de ramener plus d’entreprise, grandes ou PME pour être au niveau des Bourses de la région. La situation actuelle est une opportunité  pour la bourse d’Alger car les ressources ont diminué et la bourse a des moyens de financement qui ne crée pas d’inflation, nous attendons l’arrivée des grandes entreprises publique lancées en 2013 (Mobilis, CPA, CAAR, Cosider Carrières et deux cimenteries).

Articles associés

Fil d'actualité

Articles de la semaine