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Abdelhamid Boudaoud, président du CNEA: « il faut recenser le patrimoine immobilier et le patrimoine foncier dans chaque commune »

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Dans cet entretien, le président du Collège national des experts architectes (CNEA) Abdelhamid réagit aux dernières déclarations du ministre de l’habitat concernant la création d’une nouvelle formule de logement destinée à la location en partenariat avec le secteur privé. Il espère la réussite de cette formule en présentant différents paramètres qui peuvent faire son succès. Mr Boudaoud relance aussi le débat sur l’avenir des évaluateurs immobiliers qui ont été formés en 2005 par le ministère des finances.

 

Algérie-Eco : Le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville, Youcef Cherfa vient d’annoncer qu’une nouvelle formule de logement destinée à la location en partenariat avec le secteur privé était en cours de préparation. Que pensez-vous de cette nouvelle formule ?

Boudaoud Abdelhamid: C’est une formule qui a été proposée, il y a deux ou trois ans par le collège national des experts architectes en soulevant aussi l’absence totale d’une stratégie attrayante en matière de location telle que cela existe au niveau de tous les pays du monde. Ce qui a poussé l’État à se pencher vers les catégories les plus défavorisées en plaçant actuellement le logement social parmi ses grandes priorités. Je pense que cette nouvelle formule peut réussir mais avec des conditions et la plus importante reste le respect des délais de construction. Reste à savoir qu’elles sont les entreprises qui vont être sélectionnées pour réaliser les projets de logements.

Il y a différents  paramètres fondamentaux qui peuvent découler de cette formule. Premièrement, les collectivités locales créent des associations avec les entreprises. Par exemple, l’entreprise choisie est censée réaliser 100 ou 200 logements et l’APC négocie avec l’entreprise le pourcentage qu’elle exige soit 20% ou 30% avec des conditions comme le respect du délai de livraison. Le deuxième paramètre, c’est de conclure le contrat entre l’APC et l’entreprise avec 50% chacun suite à une évaluation du prix du terrain. Je dirai seulement, peu importe la formule du logement. Respectez le délai et donnez-moi mon logement, un logement de qualité. C’est l’idée qui traverse l’esprit de tout algérien qui est dans le besoin.

Il y a aussi la qualité des constructions qui fait débat. Le CNEA a souvent évoqué ce problème. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il faut savoir que la construction exige des étapes qu’il faut respecter, à commencer par le choix du foncier, l’étude et la réalisation. Or, nous constatons que lors de ces trois étapes, les normes ne sont pas tout le temps respectées. Résultats, les bénéficiaires de nouveaux logements sont choqués par des logements inachevés, des fois sans eau courante ni voierie et même sans éclairage public. La première expérience Aadl est un exemple à ne pas suivre. Ensuite, pour les entreprises, le problème se pose avec acuité puisque c’est le ministère de l’Habitat lui même qui remet en cause les capacités des entreprises nationales sachant également que celles-ci ne se bousculent pas pour les autres projets même ceux de l’Aadl. Alors que paradoxalement, les entreprises se plaignent d’être exclues des programmes du logement. Il n’ya pas de main-d’œuvre, pourquoi ne pas conjuguer les efforts avec le ministère de la Formation professionnelle pour avoir cette main-d’œuvre.

Aussi, il faut recenser le patrimoine immobilier et le patrimoine foncier dans chaque commune. Si on arrive à avoir les besoins de chaque commune, de là, on commence à injecter, voire à implanter des logements dans ces communes-là. Le deuxième point concerne le recensement des entreprises et poser la question suivantes : est-ce que les entreprises locales sont capables de réaliser ou pas un tel ou tel projet et de quelle manière ? Est-ce qu’on a des entreprises capables de réaliser annuellement 40 à 50 logements ?  Est-ce que les agents administratifs sont capables d’honorer la situation des entreprises qui réalisent mensuellement les travaux ? On a vu les entreprises qui avaient réalisé des travaux et ce n’est qu’après, voire douze ou quatorze mois que leur première facture est honorée. Alors, il y a un retard qui se répercute non seulement sur le délai, mais aussi sur le portefeuille financier et la main d’œuvre. Le même problème a été soulevé récemment.

Le ministère de l’habitat rassure à chaque fois que les projets de logements lancés comme l’AADL et le LPP ou le LSP, avancent sûrement et le financement des projets ne pose plus problème. Quel commentaire faites-vous dans ce sens ?

Ce que je ne cesse de soulever, c’est d’éviter de donner des chiffres, car les statistiques avancés jusque là par les responsables sont différents. Qui croire ? Aussi, on nous rassure à chaque fois sur le programme du président de la République concernant la réalisation d’ 1 million deux cents milles logements et ce programme nécessite au moins 32 millions de tonnes de ciments chaque année, alors que la production locale ne dépasse pas 18 millions de tonnes annuellement, donc le déficit du ciment va persister. Il faut aussi auditer chaque APC pour connaitre ses besoins annuels en matière de logements ou d’infrastructures. Il ne faut pas aussi oublier l’habitat rural car ces derniers temps on l’évoque rarement. Et il faut accompagner les logements ruraux par les infrastructures comme les écoles, les piscines etc… afin d’éviter l’exode rural.

Vous nous avez parlé une fois sur la formation des évaluateurs immobiliers. Peut-on avoir plus de détails sur le sujet ?

Absolument, et d’ailleurs le CNEA compte relancer le débat très prochainement sur le sujet. J’explique : en 2005 le ministère des finances avait lancé une opération de formation des évaluateurs immobiliers c’est-à-dire des personnes qui se chargent d’évaluer le prix du mètre carré et classer les prix de location par zone. J’étais même parmi les formateurs de ces évaluateurs. A l’époque il y avait 300 personnes qui ont été formées. Mais la question qui se pose actuellement, où en est ce projet et a-t-on un jour fait appel à ces évaluateurs ? Je ne pense pas car à ce jour, on a totalement ignoré ce sujet et ces personnes formées.

 

 

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