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Alexey Shatilov, représentant commercial de la Russie : «Nous pouvons aider l’Algérie dans le domaine des hautes technologies »

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L’année 2016 a été marquée par un échange de visites entre les responsables russes et algériens, notamment la visite de l’ancien premier ministre, Abdelmalek Sellal, en avril dernier.  Alger et Moscou veulent donc imprégner une nouvelle dynamique à leur coopération bilatérale. Loin des déclarations d’intention, les autorités des deux pays souhaitent relancer les échanges commerciaux. Pour nous éclairer sur les relations algéro-russes, nous avons interrogé le représentant commercial de la Fédération de Russie en Algérie, M. Alexey Shatilov.

Algérie-Eco : Quel est le volume des échanges commerciaux entre les deux pays ?

Alexey Shatilov : La mission de la représentation commerciale de la Fédération de Russie en Algérie s’occupe des questions économiques, commerciales et financières. Concernant les questions politiques, culturelles et consulaires, elles relèvent de l’ambassade de la Fédération de Russie. En 2016, nous avons pris  la décision d’ouvrir cette mission.

Le volume de coopération entre l’Algérie et la Russie a augmenté. Quand je suis arrivé ici en 2007, le volume des échanges était de 700 millions de dollars. En 2016, il a atteint 4 milliards de dollars. Les 2/3 des échanges entre les deux pays relèvent de la coopération militaire. Cependant, nous essayons de développer les autres branches.

Les exportations algériennes vers la Russie sont très faibles, nous sommes le 2ème consommateur des dattes algériennes, après la France. Ce n’est pas le volume de coopération que nous voudrions voir.  L’une des missions prioritaires de l’ancien premier ministre algérien, Abdelmalak Sellal, portait sur le développement de la coopération dans le domaine de l’agriculture et nous essayons de développer cette branche. Nous avons ouvert un compte de correspondance entre notre banque régionale et la BADR. Notre objectif est d’aider les exportateurs algériens et les importateurs russes à développer la branche agricole.

Autre domaine dans lequel nous pouvons aider l’Algérie est le domaine des hautes technologies. Par exemple, les équipements destinés au secteur énergétique. Mais pour enrichir notre présence en Algérie, il est nécessaire d’améliorer le climat des affaires pour attirer les investisseurs étrangers. En imposant des licences d’importations sur certains produits, l’Etat algérien perd des revenus. L’Algérie n’est pas un pays de marché, en raison de la réglementation des changes.

Malgré les bonnes relations politiques et diplomatiques, l’Algérie et la Russie sont-t-elles concurrentes ? 

L’Algérie est aujourd’hui un concurrent pour la Russie dans le domaine du gaz naturel, car elle est le 3ème fournisseur en gaz de l’Union européenne, après la Russie et la Norvège. L’Algérie doit créer des relations de coopération avec les pays qui n’ont pas besoin de son pétrole, en créant un climat d’investissement plus favorable. Toutefois, nous continuons à coopérer avec l’Algérie dans le domaine énergétique, grâce à la présence de Gazprom en Algérie. Les deux compagnies Sonatrach et Gazprom sont concurrentes, notamment sur le marché européen du gaz.

Dans le cadre de l’Organisation des Exportateurs de Gaz, basée à Doha, elles coopèrent ensemble pour fixer la politique économique de ce marché, qui reste vraiment compliqué. L’équilibre entre l’offre et la demande doit être assuré sur le long terme.  Sonatrach et Gazprom ont déjà créé une société mixte qui a entamé un gisement de gaz et de pétrole à Illizi. Les deux parties sont en train d’élaborer un accord pour passer à l’étape de l’exploitation du gisement.

L’Algérie doit créer un climat d’investissement favorable. Le fonds de régulation des recettes était à fin 2014 de 4.408 milliards de DA. Il était à fin 2016 de 840 milliards de DA et d’ici la fin 2017, le fonds sera épuisé. Par conséquent, l’Algérie sera obligée d’utiliser ses réserves en or. La baisse des liquidités des banques algériennes qui étaient en janvier 2016 de l’ordre de 1.833 milliards de DA et en janvier de l’année en cours de l’ordre de 992 milliards de DA. Tous ces indicateurs économiques ne plaident pas pour les investissements étrangers en Algérie.

En 2012, la Russie est devenue membre de l’Organisation mondiale du Commerce, après 18 ans de négociations. Pensez-vous que l’Algérie ait besoin d’adhérer à l’OMC en ces temps de crise?

Il y a des relations permanentes entre le ministère russe de développement économique et le ministère algérien du commerce. La Russie est prête  à apporter une aide consultative dans cette démarche. La question qui se pose pour l’Algérie est de savoir si, en temps de crise, elle doit adhérer à l’OMC. En effet, l’économie algérienne reste encore faible. L’OMC exige que les prix de l’énergie pratiqués au niveau local correspondent à ceux pratiqués sur le marché international, ce qui ne va pas améliorer la situation sociale du pays. L’autre question est de savoir s’il faut ouvrir les frontières économiques aux produits étrangers.

Le Conseil d’affaires Algéro-russe a été créé pour redynamiser les échanges commerciaux entre les deux pays. Quelles sont ses missions ?

Le Conseil d’Affaires algéro-russe regroupe toutes les entreprises qui souhaitent travailler à l’étranger et prendre part aux différentes manifestations commerciales, telles que les foires et les expositions. Le Conseil travaille en étroite collaboration avec la Chambre Algérienne de Commerce et d’Industrie (CACI). La délégation algérienne a déjà effectué deux visites à Moscou, avec 270 sociétés qui ont fait le déplacement. On espère que les relations se développent et se renforcent.

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