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Le système bancaire algérien en panne: L’urgence d’une réforme qui accorde davantage de place au privé

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En autorisant la concurrence interbancaire dans un pays où seules les banques publiques avaient droit de citer, la loi relative à la monnaie et au crédit d’Avril 1990 a ouvert la voie aux changements dont avait besoin le système bancaire algérien créé et organisé pour servir une économie largement étatisée et, quelques clientèles privilégiées, proches du pouvoir. Malheureusement, la logique de rente, les chasses gardées et l’absence manifeste d’une volonté politique propice aux changements souhaités, ont souvent fait obstacles aux réformes envisagées et plus largement, réduit leurs portées.

En a résulté un système qui n’a laissé place qu’aux banques publiques algériennes et aux agences bancaires étrangères, les banques privées appartenant à des algériens ayant été toutes fermées sur instruction de la Banque d’Algérie.   Pour ce faire cette dernière avait exigé de leurs propriétaires un apport en capital qu’elles n’étaient pas ne mesure d’apporter. Il n’existe de ce fait pas une seule banque privée authentiquement algérienne qui exerce dans son propre pays. Une étrangeté de plus dans ce pays qui nous a habitué à faire sans rechigner avec à ce genre d’anomalies qui n’ont aucune chance de se produire sous d’autres cieux !!!

En dépit de leur nombre impressionnant la vingtaine de banques privées étrangères qui activent en Algérie, ne réalisent en réalité qu’environ 5% de l’activité totale du système bancaire algérien outrageusement dominé par les 12 banques publiques qui accaparent l’écrasante majorité du marché. Il faut également signaler que sur ces  5% d’activité accaparés par les banques étrangères, 4% reviennent aux banques françaises installées en Algérie, généralement pour accompagner les entreprises de l’hexagone dans le commerce extérieur (exportations vers l’Algérie).

Les banques des pays du Golfe et la finance islamique sont en train de rogner des parts de marché mais elles sont encore loin des résultats obtenus par les banques françaises qui ont largement profité des commissions bancaires que leur avaient permis d’engranger la formule du crédit documentaire imposée quatre années durant à tous les importateurs algériens.   Il est étonnant d’apprendre que les banques étrangères qui disposent de moyens financiers considérables soient soumises aux mêmes conditions de capital et d’encadrement que les banques privées algériennes qui démarrent à peine dans la profession étant donné qu’elles étaient proscrites par le régime socialiste duquel l’Algérie venait à peine de sortir. Les autorités algériennes n’étaient elles pas en droit d’exiger beaucoup plus des banques étrangères qui demandaient à s’y installer, notamment,  en terme de hauteur minimale de capital à souscrire, mais également, de formation de cadres que les banques étrangères se contentaient de débaucher des banques publiques moyennant de meilleurs salaires.

Ce qui n’est évidement pas normal pour un pays qui déclare avoir ouvert son système bancaire aux étrangers dans le but de bénéficier de leurs moyens technologiques et de leur savoir faire. Lorsqu’on leur en fait le reproche, ces dernières affirment à juste titre que ce sont les réformes bancaires que doit faire Banque d’Algérie pour moderniser le système bancaire algérien qui n’avancent pas. « Nous devons faire avec l’organisation qui prévaut et celle-ci n’oblige pas à former du personnel en monétique et autres techniques de paiement modernes, qui n’existent pas encore et que la Banque d’Algérie ne semble pas du tout pressée d’instaurer » nous répond un responsable au niveau d’une agence algéroise de la Société Générale.

« Nous subissons par contre de fréquents contrôles sur nos activités et, notamment, celles portant sur le commerce extérieur et le crédit, alors qu’elles ne représentent pas grand-chose par rapport aux chiffres d’affaires réalisés par les banques publiques que la Banque d’Algérie surveille beaucoup moins » ajoute t-il.

Comme nous avons pu le constater, il est en effet étonnant que les autorités monétaires algériennes braquent toute leur énergie sur les banques étrangères, à leurs yeux  toutes suspectes de malversations, alors qu’en réalité elles ne représentent pas grand chose au regard des sommes colossales que brassent les banques publiques qui continuent comme au temps de l’économie socialiste à faire l’objet d’un traitement de faveur.

Les banques publiques algériennes ont pourtant le statut de sociétés par actions (EPE/SPA) soumises au même titre que les banques privées à l’obligation de résultats et, bien entendu, au strict respects des règles prudentielles édictées par la banque d’Algérie.

Ce n’est malheureusement pas le cas puisque l’Etat continue aujourd’hui encore à les renflouer  et à les dispenser d’une règle aussi élémentaire que l’octroi d’une autorisation officielle d’activer en tant que banques (agrément du Conseil de la monnaie et du Crédit). Au regard des graves problèmes de fonds propres et de liquidités dont souffrent certaines de ces banques, il bien probable que bon nombre d’entre elles ne bénéficient pas de ce très exigeant agrément.

C’est pourquoi d’aucuns pensent que sans devoir relâcher sa vigilance sur les banques privées, la Commission Bancaire gagnerait à en renforcer le contrôle sur les banques publiques en cessant une bonne fois pour toutes, de les considérer comme des institutions protégées par l’Etat, mais comme des sociétés par actions à part entière, disposant des mêmes droits et devoirs que les banques privés, toutes régies par le les mêmes Code de Commerce et loi sur la monnaie et le crédit.

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