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Mourad Djaffer, DG Europe-Afrique de C.REAL-Consulting : « Il faut faire de l’Industrie touristique une priorité nationale »

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Interrogé en marge du salon international Batimatec, monsieur Mourad Djaffer, bien connu dans les milieux d’affaires pour sa grande expertise en matière d’industrie touristique internationale, a bien voulu répondre aux nombreuses questions portant sur l’état des lieux et le destin du tourisme algérien. En tant que directeur général Europe et Afrique d’une société de Conseil ( C.REAL-Consulting ) qui opère en Algérie et dans le monde, ses propos apportent de précieux éclairages sur les actions qu’il faudra nécessairement entreprendre pour sortir le tourisme local de sa léthargie actuelle et l’aligner sur les performances du tourisme mondial.

Algérie-Eco : La société C.REAL-Consulting fait ses premiers pas en Algérie, notamment dans le domaine de l’hôtellerie, quels sont précisément ses objectifs ?

 Nos objectifs dans le domaine précis de l’hôtellerie consistent à accompagner les investisseurs et entreprises hôtellerie dans leurs démarche de certification, à leur donner les bons conseils en matière d’implantation, à mettre en évidence les atouts culturels et culturels du pays et à orienter la qualité des prestations hôtelières manière à valoriser du mieux possible la destination touristique algérienne.

 A l’approche de la saison estivale, quel regard portez-vous sur notre potentiel touristique et la manière de l’exploiter ?

 Le potentiel touristique algérien est à l’évidence, insuffisant et, de surcroît, mal exploité. S’il y a des efforts à faire en plus de l’accroissement des infrastructures hôtelières, c’est surtout au niveau de la qualité professionnelle du personnel et de l’encadrement des hôtels qu’il faudrait agir en priorité. C’est un travail de fond qu’il faudra impérativement faire, si on veut réellement faire de l’Algérie une destination touristique d’envergure internationale. Ce travail de fond consistera à former tout d’abord les managers principaux des hôtels qui sont actuellement pour la plupart, peu ou pas du tout, formés à ce management très particulier. 

Certes ce sont des investisseurs qui ont la volonté de développer le tourisme dans leur pays, mais il faut absolument les former aux métiers de l’hôtellerie et du tourisme qui évoluent très vite sous l’effet de la concurrence. Quand la société C.real-Consulting  intervient à ce niveau, elle commence généralement par agir au niveau du PDG de la société hôtelière avant d’aller vers  les directeurs d’hébergement et de restauration, les cuisiniers, le personnel d’accueil, et les responsables de l’hygiène et de la sécurité. Les hôteliers doivent être accompagnés dans leur démarche d’excellence management par des experts chevronnés qui ont longtemps pratiqué, comme c’est notre cas, le tourisme international.

 Il faut tout de même reconnaître que l’Algérie accuse un énorme retard en matière de mise niveau des normes internationale !

Tout reste effectivement à faire! Mais si on commence par former les premiers managers des hôtels on avancera certainement plus vite. C’est pourquoi, lorsque  C.real-Consulting  intervient dans ce domaine en se basant sur des référentiels internationaux, il commence par les directeurs d’hôtels avant de passer au reste des responsables de structures et des employés ordinaires. On intervient également au niveau de l’hygiène et de la sécurité, car elles sont prépondérantes et indispensables. Les hôtels reçoivent des gens en provenance de l’international et de tout le territoire national et il est indispensable de leur offrir les meilleures conditions d’hygiène et de sécurité pour les fidéliser. D’où notre rôle qui consiste à aider les hôteliers à implanter de la manière la plus judicieuse possible leurs structures, à mettre place les référentiels et les obligations à suivre afin d’offrir aux clients les plus exigeants, les meilleures prestations  possibles.

 On  tendance à croire que l’industrie touristique est une affaire de nombre de lits mais en réalité cela ne suffit pas !

 Effectivement, il ne suffit pas de dire on a construit un grand hôtel bien équipé pour être faire partie d’une industrie touristique aux normes.  Il faudrait, pour ce faire, nécessairement y ajouter de la qualité, déclinée sous diverses apparences. L’accueil et l’ensemble des structures hôtelières devraient, à titre d’exemple, être mis au niveau des standards  internationaux.

Aujourd’hui il ne suffit pas de construire un hôtel et dire que je suis son patron. Les dirigeants doivent être solidement formés, car les touristes ne viennent pas tout seul. Il faudra les chercher en faisant de la promotion internationale visant à leur faire connaître les meilleurs atouts comparatifs et compétitifs du pays. Et fort heureusement ce qui manque en Algérie qui, comme on le sait, recèle de véritables trésors archéologiques, une diversité de paysages, de cultures, une histoire très riche et divers produits touristiques à proposer.  Faire connaître l’Algérie à travers ses richesses historiques et culturelles est indispensable.

 A quels touristes potentiels cette publicité devrait-elle être adressée en priorité : les émigrés, les touristes étrangers ?

On a beaucoup d’hôtels d’affaires qui peuvent attirer de nombreux étrangers mais il faut, je le rappelle, absolument faire la  promotion pour attirer les clientèles algérienne installées en France, au Canada et en Belgique notamment, en leur disant vous êtes algériens venez donc dépenser votre argent dans votre pays d’origine.   Pour que ces hôtels sachent exactement quoi offrir à ces clientèles potentielles il faudrait que les hôteliers soient accompagnés par des sociétés de conseils compétentes dont les experts maîtrisent parfaitement  les préférences et les enjeux du tourisme international.

Qu’est-ce qu’il faudrait, selon vous, faire en priorité pour que le tourisme algérien décolle enfin  sur de bonnes bases ?

On connaît très bien les richesses multiformes et parfois exceptionnelles dont disposent l’Algérie, mais cela ne suffit pas à assurer ce décollage.

Il faudrait pour ce faire qu’il y ait un signal fort des plus hautes autorités du pays incitant les acteurs concernés à faire de l’industrie touristique une priorité nationale. Il faut que les autorités du pays parviennent à faire admettre à l’opinion publique que la ressource financière qui pourrait être tiré du tourisme pourrait être aussi importante, sinon plus, que celle qu’offrent aujourd’hui les hydrocarbures et les autres ressources minières.

Nos voisins tunisiens et marocains qui engendrent chaque année des masses de milliards de dollars grâce au tourisme en donnent parfaitement l’exemple. Le tourisme devrait de ce fait constituer pour l’Algérie une priorité nationale. En cette phase de déclin des recettes pétrolières, l’industrie du tourisme pourrait, nous en sommes convaincus, contribuer à l’éloignement du spectre du chômage, en offrant notamment des opportunités d’emplois et de formations à des dizaines de milliers d’algériens.

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