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A deux semaines du sommet de l’OPEP : l’espoir d’un redressement significatif des prix paraît bien mince

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A deux semaines de l’ouverture du sommet de l’OPEP très peu d’informations ont filtré de cette rencontre sur laquelle les pays fortement dépendants des recettes d’hydrocarbure fondent beaucoup d’espoirs du fait que le cartel pétrolier promet de s’attaquer à la cause essentielle de l’effondrement des prix  qu’est la surproduction mondiale de pétrole et de gaz. En application d’un accord récemment conclu à Alger, il est en effet question de réduire la production de tous le pays membres du cartel à l’exception de l’Iran, le Nigeria et de la Libye qui, pour des raisons qui les concernent, ont refusé de souscrire à une éventuelle réduction de leurs quotas. Et même si le niveau de réduction ciblé n’a jamais été clairement fixé au cours de cette rencontre d’Alger, le seul fait d’évoquer un possible chamboulement des quotas de production, a fait frémir le marché au point qu’il a gagné en moins d’un mois quelques dix dollars de plus, avant de les perdre sous l’effet des déclarations contradictoires émanant de certains membres influents du cartel, parmi lesquels l’Arabie Saoudite qui avait pourtant accepté, lors du sommet d’Alger, de réduire sa production quelle que soit la conjoncture.

C’est pourtant de l’Arabie Saoudite qu’on attendait le plus de réticences à souscrire à cette dynamique de baisse de l’offre vivement souhaitée par l’Algérie et une dizaine de membres de l’OPEP, car il ne faut pas perdre de vue que les excédents d’offre d’hydrocarbures qui ont provoqué le déclin des prix  sont en grande partie dus à ce pays qui, pour rafler les parts de marché à son rival iranien, s’est mis à pomper sans retenue du pétrole dont les cours n’arrêtaient pas de décliner sous l’effet aggravant  des exportations américaines qu’on venait d’autoriser du fait de la surproduction de pétrole et de gaz tirés des schistes et de l’off shore.  Au jeu de l’offre et de la demande qui conditionne les prix, les chiffres sont malheureusement têtus et la réalité amère. Il n’y a, en effet, aucun espoir à attendre de côté du marché pétrolier tant les quantités de plus en plus massives de pétrole et de gaz continuent à affluer comme jamais auparavant vers les lieux de stockage. Des stocks que l’économie mondiale peine à absorber et qui de ce fait s’accumulent. Aux gisements historiques qui maintiendront leurs performances productives sont, en effet, venus s’ajouter le pétrole et le gaz de schiste en provenance d’environ 2000 puits auxquels il faudra bientôt ajouter plus de 1500 autres en chantiers et des gisements off shore qui ont, depuis ces dix dernières années, le vent en poupe. A titre d’exemple l’Australie à elle seule mettra très prochainement sur le marché l’équivalent de 80 milliards de m3 de gaz schiste, c’est-à-dire l’équivalent de ce qu’avait produit l’Algérie en 2012. Il ne faut évidemment pas oublier d’ajouter à ces gros  pourvoyeurs en hydrocarbures des pays comme la Libye, l’Irak, l’Iran et le Nigéria qui n’ont pas encore dit leurs derniers mots, parce qu’ils n’ont pas encore retrouvé leur stabilité politique requise.

C’est dire l’extrême abondance de l’offre d’hydrocarbures dans un contexte de relative stagnation de l’économie mondiale. A moins d’un spectaculaire retournement de conjoncture que provoquerait un très hypothétique accord géopolitique ou, une tout aussi irréaliste reprise de la croissance économique mondiale, l’espoir d’un redressement significatif des prix des hydrocarbures paraît bien mince. Il n’y a même pas une bonne raison d’attendre la fermeture, pour défaut de rentabilité, des puits de pétrole et de gaz de schiste, ces derniers étant devenus exploitables à moins de 50 dollars le baril. Le creusement de nouveaux puits a, de ce fait, repris de plus belle (1600 puits nouveaux auxquels il faut ajouter 4500 reprises de puits abandonnés en 2015 uniquement aux USA, selon l’AIEA). Il se creusera évidemment davantage de puits si les prix du baril de pétrole venaient à dépasser ce seuil de rentabilité. C’est dire à quel point il sera difficile pour l’Opep qui se réunira le 30 novembre prochain à Vienne, de conclure un accord de répartition des quotas de production entre ses pays membres qui vivent pour la plupart exclusivement de leurs rentes pétrolières. Vendre moins de pétrole à un prix qui ne dépassera jamais à court terme 60 dollars n’améliorera nullement la situation financière de ces États rentiers habitués à dépenser sans compter. La tentation serait alors grande de tabler sur des quantités de plus en plus importantes à vendre pour encaisser le maximum quand bien même les cours seraient faibles. La voie serait alors ouverte à l’indiscipline et au chacun pour soi, qui pourraient coûter cher à la crédibilité du cartel.

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