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Le groupe TATA en zone de turbulences

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Le groupe Tata, plus grand conglomérat indien, traverse une zone de turbulences après l’éviction surprise de son PDG, Cyrus Mistry, et la reprise en main par le patriarche familial, Ratan Tata, selon des analystes financiers.

Ratan Tata, 78 ans, est revenu théâtralement sur le devant de la scène en reprenant les rênes du groupe qu’il avait métamorphosé au cours de près de deux décennies de règne au tournant des XXe et XXIe siècles. Mécontent de la direction empruntée par le PDG Cyrus Mistry, dont il avait favorisé l’ascension il y a quatre ans auparavant, M. Tata a évincé son successeur à l’occasion d’un vote de routine du conseil d’administration lundi. Ratan Tata assurera l’intérim à la tête du groupe basé à Bombay jusqu’à la nomination officielle d’un nouveau PDG, processus qui devrait prendre quatre mois.

Cette séparation brutale, inhabituelle pour un groupe familial vieux d’un siècle et demi où les différends se règlent en privé, a mis en lumière les divisions et le défi auxquels est confronté le conglomérat pesant 100 milliards de dollars.
Fondé par l’industriel parsi Jamsetji Tata en 1868, sous le règne colonial britannique, ce conglomérat familial tentaculaire est probablement le plus connu du pays, présent du sel à l’acier et actif dans plus de cent pays. « Le groupe Tata traverse une crise économique et la plupart de ses activités ne produisent pas les résultats escomptés », a déclaré à l’AFP G. Chokkalingam, directeur exécutif de Equinomics Research & Advisory Pvt. Le chiffre d’affaires du groupe Tata a reculé de 4,6% lors de l’exercice annuel décalé 2015/16 à 103 milliards de dollars.

Mauvais élève de la classe: Tata Steel. Le mois dernier, le géant de la sidérurgie a déclaré une perte trimestrielle nette de près de 475 millions de dollars.

L’entreprise a annoncé cette année son intention de vendre ses actifs déficitaires en Grande-Bretagne mais peine à trouver un repreneur. Elle a justifié sa décision en invoquant l’afflux d’acier chinois bon marché sur le marché européen, les hauts coûts de production et les variations de changes.

Les bénéfices de Tata Motors se sont eux aussi réduits, du fait de la chute des ventes de Jaguar Land Rover (JLR) en Chine où la croissance a ralenti. Quant au groupe informatique Tata Consultancy Services (TCS), il souffre de la prudence des consommateurs sur fond d’incertitudes sur les perspectives de l’économie mondiale. « Ce n’est pas un problème de leadership mais des facteurs économiques qui ont contribué à l’éviction de Mistry », estime M. Chokkalingam.

La réputation du groupe Tata à l’étranger a été par ailleurs durablement entachée par l’injonction d’un tribunal arbitral international à verser un dédommagement de près de 1,2 milliard de dollars au japonais NTT Docomo. « Il faudra peut-être dix ans au nouveau chef pour reprendre les choses en main et rétablir l’image du groupe Tata », prévient Mahesh Singhi du cabinet de conseil Singhi Advisors.

Ratan Tata a déjà dirigé le groupe Tata pendant 21 ans, lui faisant connaître sa période la plus faste. Sous sa gouverne, le chiffre d’affaires du groupe indien est passé de six milliards de dollars à plus d’une centaine de milliards de dollars. Mais là où M. Tata voyageait à travers le monde, marquant son passage de spectaculaires acquisitions (JLR, Tetley Tea, Corus…), son successeur s’est plutôt attaché à réduire les 30 milliards de dollars de dette du groupe à travers la vente d’actifs et des emprunts de refinancement. La stratégie de désinvestissement poursuivie par son poulain de 48 ans aurait frustré Ratan Tata, animé par la conviction que le groupe familial doit conserver ses actifs pour maintenir une voilure mondiale.

Malgré le départ de M. Mistry, le colosse économique devrait maintenir sa ligne de prudence car il n’a pas d’autre option que d’équilibrer ses comptes, relève M. Chokkalingam. « (La holding familiale) Tata Sons doit soit continuer à enregistrer des pertes soit restructurer ses activités », explique-t-il.

Quel que soit le successeur de Cyrus Mistry, qui n’était que le sixième PDG de l’histoire du conglomérat fondé en 1868 et le premier à n’être pas issu des rangs de la dynastie parsie, celui-ci sera confronté aux mêmes dilemmes. « Les problèmes dont il héritera ne vont pas disparaître du jour au lendemain », estime l’analyste Shriram Subramanian de InGovern Research Services.

Source: AFP

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