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Austérité, croissance, marchés, les défis économiques britanniques

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Apaiser la cure d’austérité sans trop sortir des clous budgétaires, rassurer les entreprises malgré l’incertitude du Brexit, ébaucher l’avenir commercial d’un pays sorti de l’orbite bruxelloise: les défis économiques du gouvernement britannique sont énormes.

Le nouveau ministre des Finances Philip Hammond, qui tenait jusqu’à présent le portefeuille des Affaires étrangères, devra mettre en oeuvre de sacrés qualités de diplomate, mais aussi d’équilibriste, pour gouverner l’économie britannique par ces temps agités.

Le Trésor qu’il dirige avait averti ces derniers mois de difficultés à venir, voire d’une récession, pour le pays s’il quittait l’UE: la tâche de son nouveau chef consistera donc à lui faire prendre la porte de sortie sous des vents économiques pas trop défavorables.

Quelles ont été les premières conséquences économiques du référendum ?

La livre a perdu quelque dix pour cent de sa valeur face au dollar et à l’euro aux lendemains du 23 juin mais la Bourse de Londres a bien tenu le choc jusqu’à présent. Des tensions apparaissent en revanche déjà sur le marché immobilier en plein boom depuis des années, notamment dans la capitale.

Des études commencent par ailleurs à faire état d’un repli de la fréquentation des magasins et d’un ralentissement dans le secteur prépondérant des services en juin. Les premières données d’ensemble sur les conséquences du référendum sur l’investissement et la consommation au Royaume-Uni ne seront toutefois connues que dans les semaines à venir.

Hammond va-t-il maintenir la politique d’austérité ?

Son prédécesseur George Osborne a été critiqué pour sa réduction inflexible des dépenses publiques mais le déficit public a été nettement réduit depuis 2010. La nouvelle Première ministre Theresa May a toutefois assuré que son gouvernement serait plus à l’écoute du peuple, laissant entendre que la diminution des dépenses pourrait être menée de façon moins systématique et comptable.

Dès jeudi, M. Hammond a écarté toute cure d’austérité supplémentaire dans l’immédiat, contrairement à ce que M. Osborne avait déclaré avant le référendum en cas de Brexit. Mais il a rappelé quand même que le pays devrait continuer à réduire ses déficits…

Comment soutenir la croissance ?

Flatteuse ces dernières années par rapport à celles des autres grands pays européens, la croissance du PIB risque de souffrir des incertitudes liées au Brexit, avant même l’issue des longues négociations qui s’annoncent avec Bruxelles.

Pour soutenir l’activité, M. Hammond a souligné que sa priorité était de redonner confiance aux entreprises, qui semblent rechigner désormais à investir et à créer des emplois. Pour ce faire, le principal levier consiste à hâter le pas des discussions de sortie, mais Mme May semble pour l’instant vouloir prendre son temps à ce propos.

Sur le fond des négociations, le Royaume-Uni tentera d’obtenir le meilleur accord possible pour sa puissante industrie financière, entre autres, qui dépend de l’accès au marché unique pour vendre ses services dans l’UE. Il cherchera aussi à garantir son statut de place attractive pour les investissements internationaux.

Juste avant son départ, M. Osborne avait aussi évoqué l’idée de réduire davantage l’impôt sur les sociétés, sous les 15%. Critiquée par des responsables européens comme un « dumping fiscal », cette possible mesure n’a pas été confirmée pour l’instant par M. Hammond.

La Banque d’Angleterre aura un rôle crucial pour sa part, non seulement pour garantir la stabilité financière mais aussi pour soutenir l’activité. A cette fin, elle a laissé entendre jeudi qu’elle pourrait assouplir sa politique monétaire dès le mois d’août.

Quid des négociations commerciales ?

C’est l’un des aspects majeurs des négociations qui débuteront lorsque Mme May aura activé le fameux article 50 du Traité européen de Lisbonne. En fonction de leur issue, Londres pourrait avoir, ou non, à renégocier les accords commerciaux avec 58 pays liés au bloc européen par des traités de libre-échange.

Londres prévoit la constitution d’une équipe de centaines d’experts d’ici à la fin de l’année mais cette tâche pourrait être rendue complexe du fait que le Royaume-Uni n’a pas beaucoup de ressources en la matière… ayant délégué cette tâche à Bruxelles ces dernières années.

Les partisans du Brexit avaient mis en avant les atouts commerciaux que le Royaume-Uni pourrait utiliser auprès des pays du Commonwealth, dont l’Inde, ainsi qu’auprès de la Chine, qu’il courtise depuis longtemps, et des États-Unis, auxquels ils sont liés par l’Histoire.

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