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La banque d’Algérie met fin à la convertibilité commerciale du dinar: Une difficulté de plus pour les exportateurs

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Les exportateurs qui n’avaient déjà pas le droit de jouir de la totalité des recettes en devises générées par leurs ventes à l’étranger, sont depuis le 14 juin dernier contraints d’utiliser le peu de dollars et euros qu’on les autorisait à détenir, pour importer les matières premières nécessaires au fonctionnement de leurs entreprises, La Banque d’Algérie vient en effet d’émettre à l’attention des quelques rares exportateurs qui subsistent encore, une directive mettant fin à la convertibilité commerciale du dinar dont bénéficiaient cette catégorie, pourtant très restreinte, d’opérateurs économiques.

Il faut en effet savoir que la Loi sur la Monnaie et le Crédit promulguée en 1991, avait déjà handicapé les exportateurs algériens en leur faisant obligation de convertir en dinars la moitié des recettes en devises encaissées, en leur donnant un délai d’à peine 30 jours pour effectuer ces deux formalités  ( rapatriement des recettes d’exportation et conversion en devises) sous peine de poursuite judiciaires assorties de graves sanctions pénales. Cette loi, sans doute la seule au monde à régenter l’usage et la monnaie de compte de l’argent honnêtement gagné par un commerçant, avait dissuadé des centaines, voire même des milliers, d’opérateurs qui avaient vocation à le faire en risquant leur argent dans des activités d’exportation compliquées à gérer, mais aussi et surtout, très exposées aux ennuis bureaucratiques et… judiciaires.

La démographie de nos entreprises exportatrice s’est, de ce fait, considérablement réduite au point de ne représenter aujourd’hui, qu’environ un millier de sociétés d’inégales envergures dont les recettes cumulées n’oscillent, bon an mal an, qu’entre 800 millions et 1,5 milliards de dollars, en grande partie générées par le commerce de produits dérivés d’hydrocarbures et de métaux récupés.

Seule une dizaine d’entreprises exportatrices de produits à forte valeur ajoutée sortent du lot, avec à leur tête, le groupe privé Cévital qui a exporté en 2013 pour environ 300 millions de dollars de sucre, huiles, margarines, électroménagers et verre plat notamment. Ce sont ces quelques gros exportateurs et, tout particulièrement ce dernier, qui pâtiront sans doute le plus de cette nouvelle restrictions imposée par la Banque d’Algérie, au point où de nombreux observateurs se posent, à juste raison, la question de savoir si ce n’est pas précisément l’objectif de cette directive.

La question que pose effectivement cette surprenante note de la Banque d’Algérie est de savoir dans quel but elle a été émise, même si officiellement, on affirme qu’elle figure dans un train de mesures visant uniquement à économiser nos réserves de change qui fondent comme neige au soleil depuis l’effondrement des cours du pétrole.

Quand on connaît le montant ridiculement bas de nos recettes d’exportations hors hydrocarbures, on ne peut effectivement pas s’empêcher de se poser la question de savoir si c’est vraiment à ce niveau que la Banque d’Algérie devait agir en priorité pour économiser le maximum de devises, sachant pertinemment que le montant à préserver ne dépasse guère le milliard de dollars, soit à peine le 1/10 des devises qui s’évaporent annuellement aux moyens des surfacturations et déclarations quantitatives et qualitatives mensongères de produits importés.

Cette note de l’autorité monétaire est de surcroît étonnante du fait qu’elle viole délibérément une loi fondamentale, en l’occurrence l’ordonnance relative à la monnaie et au crédit, qui garantie la convertibilité commerciale du dinar.

Ne fallait-il pas plutôt agir de manière encourager les rares exportateurs que compte le pays à exporter davantage en faisant de sorte que d’autres, encore plus nombreux, les rejoignent à la faveur de mesures incitatives à promulguer. La toute dernière directive de l’autorité monétaire algérienne constitue, bien au contraire, une mesure dissuasive invitant les exportateurs à abandonner le créneau de l’exportation devenu trop périlleux pour rejoindre celui, beaucoup moins risqué et, certainement plus lucratif, de l’importation.

On ignore l’attitude que pourraient prendre les exportateurs encore en activité face à l’obligation qui leur est désormais faites d’approvisionner leurs unités de production au moyen de leurs seules recettes en devises, sachant que ces dernières sont automatiquement réduites de moitié du fait qu’ils doivent obligatoirement en convertir, au minimum 50%, en dinars.

Les exportateurs seront à l’évidence soumis à très rude épreuve, sachant qu’il y a peu de chances qu’ils trouvent en Algérie, en quantité et en qualité, les matières premières qu’ils avaient pris l’habitude d’importer au moyen de leurs ressources en dinars que la loi sur la monnaie et le crédit les autorisait à convertir dans le cadre d’opérations commerciales.

C’est vers de nouvelles faillites et abandons délibérés d’activités que nombreuse sociétés de négoce s’acheminent du fait de cette troublante directive que la Banque d’Algérie a émise au moment où le discours politique officiel clame pourtant haut et fort, la nécessité, voire même l’urgence, de compenser les pétrodollars perdus à cause du déclin des prix du pétrole, par des ressources tirées des exportations hors hydrocarbures.

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